France- Expulsions : Vers un résultat historique ?
Six mois après sa nomination, le ministre de l’Intérieur français poursuit la politique migratoire de son prédécesseur Brice Hortefeux et s’enorgueillit du nombre important de reconduites à la frontière.
Dans une interview accordée à l’AFP lundi 8 août, Claude Guéant annonçait un objectif de 30 000 expulsions d’ici la fin de l’année 2011, soit 2 000 de plus qu’en 2010. «Pour l’instant, il semble que nous puissions atteindre cet objectif et si nous l’atteignons, ce sera le meilleur résultat que nous aurons historiquement enregistré», a-t-il déclaré. Pour établir ce pronostic, le ministre de l’Intérieur s’appuie sur les chiffres des sept premiers mois de l’année. «A ce jour, sur les sept premiers mois de l’année, nous avons reconduit 17 500 étrangers en situation irrégulière, soit 4% de plus que l’année dernière» et une moyenne mensuelle de 2 500 expulsions. Le mois de mai 2011 a même connu un pic de 32 % avec 3 397 reconduites à la frontière contre 2 563 pour la même période l’année précédente.
Nouvelle loi
Claude Guéant s’avoue optimiste quant à l’objectif qu’il vise grâce à la mise en place de la nouvelle loi sur l’immigration entrée en vigueur le 18 juillet dernier. «Grâce aux instruments nouveaux que donne la Loi immigration-intégration, avec notamment la prolongation de la durée de rétention administrative, nous pouvons être plus efficaces». Rappelons que l’intervention du juge et des libertés est repoussée à cinq jours au lieu de deux et que la durée de rétention d’un sans-papier peut désormais atteindre les 45 jours contre 32 auparavant. Cet allongement est censé permettre à la France d’obtenir les laissez-passer consulaires du pays du ressortissant à expulser.
Maîtriser les flux migratoires
De plus, le ministre de l’Intérieur a réitéré le fait que la maîtrise des flux migratoires demeure une «priorité» pour une «raison politique majeure: il s’agit d’une vision de la France de demain». Il souhaite ainsi réduire le nombre d’entrées légales sur le territoire en les faisant passer de 200.000 à 180.000. La nouvelle liste des métiers ouverts aux étrangers non européens, passant de trente familles de métiers à quatorze depuis cet été, participe à la politique migratoire mise en place par le gouvernement. «La priorité, c’est de proposer du travail aux personnes demandeuses d’emploi en France, qu’elles soient françaises ou non». L’évaluation des critères dans les demandes de regroupement familial devra être plus rigoureuse. De même, pour les études et les examens passés par des étudiants, le suivi devra être plus régulier.
Enfin, pour Claude Guéant, il est nécessaire «que ceux qui viennent puissent adopter cette civilisation française, être intégrés, sinon nous allons à une France de communautarisme, de juxtaposition de communautés, de cultures, de groupes, chacun avec leur histoire et leur religion, ce n’est pas conforme à l’idée que nous nous faisons du pays uni».
Gypsy Allard