France- Eva Joly attaquée pour sa double nationalité

Présents depuis plusieurs mois dans les débats politiques, les thèmes de l’identité nationale et de la double nationalité reviennent une fois de plus sur le devant de la scène à travers la candidate écologiste Eva Joly.

Défilé citoyen

«J’ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent», a déclaré Eva Joly lors du passage de chars et autres véhicules de l’armée de l’armée française pour le défilé du 14 juillet à Paris. Dans une interview accordée au quotidien Libération, la candidate d’Europe écologie-les Verts explique pourquoi cette manifestation est une «antinomie». «Je ne suis pas contre les défilés militaires en tant que tels. Mais le 14 juillet, ce n’est ni le lieu, ni le moment, pour ce genre de manifestation. Le 11 novembre ou le 8 mai sont beaucoup plus adaptés». Ce n’est d’ailleurs pas la premières fois que les écologistes s’expriment dans ce sens à ce sujet.

Des valeurs françaises

Pourtant, la phrase d’Eva Joly ne passe pas inaperçue, suscitant de vives critiques du côté de l’UMP et du FN qui en ont profité pour l’attaquer sur sa double nationalité et sa légitimité à se présenter à la présidentielle de 2012. Le premier ministre François Fillon a réagi immédiatement. «Cette dame n’a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française», a-t-il déclaré depuis Abidjan où il était en visite. Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a qualifié la déclaration d’Eva Joly «d’insulte à tous ceux qui depuis des siècles meurent pour ce pays». Lionel Tardy, député UMP, lui, ne demande rien de moins que son retour dans son pays d’origine : «Eva Joly propose la suppression du défilé militaire du 14 juillet… Il est temps pour elle de retourner en Norvège !». Quant à Marine Le Pen, présidente du FN et candidate pour 2012, elle a jugé «Ces propos sont absolument consternants,». Pour elle, «ça démontre que Mme Joly ne comprend strictement rien au lien extrêmement profond qui existe entre le peuple français et son armée».

Une forme de xénophobie

Sergio Coronado, le directeur de campagne d’Eva Joly, a avoué ne pas être surpris par ces attaques sur ses origines étrangères (Eva Joly, de nationalité norvégienne est née à Oslo et a été naturalisée française en 1967), mais, a-t-il ajouté, «la surprise vient qu’une pareille violence parte de la droite traditionnelle». Noël Mamère, député écologiste, s’inquiète de ce virage de la majorité vers des thèmes d’extrême droite : «François Fillon attaque Eva Joly comme le faisait hier Marine Le Pen. Le premier ministre et la présidente du Front national sont sur la même ligne». Pour José Bové, les choses sont simples, il s’agit d’une «forme de xénophobie». Jean-Luc Mélenchon, député et co-président du Parti de gauche partage le même avis : «C’est insupportable, c’est de la xénophobie à l’état pur !».

Côté PS, chacun a fait savoir qu’il n’approuvait pas la proposition de l’ex-magistrate. Pour autant, l’ensemble de la gauche s’est indigné contre les propos du premier ministre qui bafouent «les fondements et les valeurs de la République» et «rejoint les thèses du Front national», comme l’a souligné Martine Aubry.

Gypsy Allard