France. Des banques au bord du gouffre
« Les banques françaises n’ont ni souci de liquidité, ni problème de solvabilité. Quel que que soit le scénario grec, les banques françaises ont les moyens d’y faire face » a assuré hier Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. Message repris un peu plus tard dans la journée, mot pour mot par le ministre de l’économie François Baroin.
Hier les actions des trois grandes banques françaises perdaient plus de 10 % à l’ouverture de la Bourse de Paris. A la fin de journée, le constat était implacable. BNP Paribas et la Société Générale avaient perdu 12,4 % et 10,8%. Le Crédit Agricole ne s’en est pas mieux sorti avec une baisse de 10,6 % en fin de journée.
Difficile dans ces conditions de croire aux messages rassurants assénés par nos dirigeants. Surtout que dans quelques jours, l’agence Moody’s doit délivrer les bulletins de notes pour nos trois grands établissements bancaires. Une dégradation est à prévoir.
En attendant, une chose est certaine, nos banques manquent de liquidités. Etonnant quand on sait que l’Etat avait recapitalisé au plus fort de la crise les six plus grandes banques pour 10,5 milliards d’euros. Mais pour n’effrayer personne et conserver leur statut, ces banques ont décidé de rembourser par anticipation les sommes prêtées au lieu de se renflouer.
Aujourd’hui, il est trop tard. Si la Grèce fait faillite, sa dette ne vaudra plus grand chose. Donc ces établissements vont devoir aller trouver des liquidités ailleurs. Problème, avec la crise que traverse actuellement l’UE, le marché interbancaire en euros est bloqué.
Les économistes sont catégoriques, on ne peut pas exclure la possibilité d’une faillite de l’une de ces trois banques dans les prochains jours. Et à ce petit jeu, la Société Générale semble particulièrement fragilisée. Dans les milieux financiers, on évoque de plus en plus son possible rachat par BNP Paribas.
La société Générale au bord de la banqueroute
Le 7 août dernier, le Mail on Sunday avait publié un article présentant la Société Générale comme étant « au bord de la faillite », après des pertes dues à son exposition à la dette grecque.
Cet article a entraîné derrière lui rumeurs multiples et alarmistes sur la banque française. En Bourse, l’action Société Générale a ainsi perdu plus de 50% de sa valeur depuis le début de l’année.
Face au désastre et aux hypothèses les plus folles, le président de la Société Générale, Frédéric Oudéa, a tenté hier de calmer le jeu. « Je rassure les épargnants, je rassure nos clients, tout fonctionne, il n’y a pas de souci. Nous sommes concentrés pour leur assurer, comme d’habitude, le meilleur service possible« , a-t-il déclaré sur RTL.
Avant d’annoncer dans la foulée, un plan d’économies, avec suppressions d’emploi à la clef, et une accélération de ses cessions d’actifs indésirables. Pas suffisant pour convaincre les marchés puisque après avoir dévissé dans la matinée jusqu’à 15,22 euros, son plus bas coût depuis…août 1991, l’action de la banque a terminé à 15,57 euros. Soit une nouvelle baisse de presque 11%.
A cette vitesse, pas certain qu’elle réussisse à se relever encore bien longtemps.
Jonathan Ardines