France – Dernier débat socialiste sans accroc ou presque
Hier soir, sur BFMTV, les six candidats à la primaire socialiste se sont affrontés lors du troisième et dernier débat avant le premier tour des primaires (9 octobre).
Ce dernier round devait faire la différence, on retiendra plutôt l’unité affichée entre les candidats. Pressés par les journalistes et le chronomètre, chaque candidat s’est souvent contenté de lire ses fiches.
Aubry attaque Hollande
Autant le dire tout de suite, le débat a un peu déçu. La chaîne avait fait monter la mayonnaise, avançant qu’on allait enfin voir se dégager des différences notables. En fait, durant 2h, chacun a campé sur ses positions, se démarquant que trop rarement.
À ce petit jeu, François Hollande règne. Lui qui a mené sa campagne en favori, n’a pris aucun risque. Il l’a dit, il est déjà « dans la campagne de 2012 » quand il « fera le tour de l’Europe ». Seul petit écart, il a rappelé qu’il défendait un projet « socialiste » à tous ceux qui le taxent de centriste.
Sa principale rivale, Martine Aubry ne l’a pas ménagé. La maire de Lille a lancé : « On ne peut pas battre une droite dure si on est une gauche molle », pointant l’inaction de Hollande. Avant d’en remettre une couche sur son bilan à la tête d’un PS qu’ « il a fallu reconstruire ». François Hollande qui l’avait précédée à ce poste a dû apprécier.
Mais la passe d’arme la plus marquée a eu lieu sur le thème de l’éducation. Le député de Corrèze a répété qu’il souhaitait « recréer 60.000 postes dans l’enseignement entre 2012 et 2017 ». Martine Aubry l’a sommé de « s’expliquer » sur le coût. François Hollande a réaffirmé que sa mesure coûterait « 2,5 milliards d’euros » sur cinq ans. La première secrétaire du PS a sauté sur l’occasion : « Je voulais vérifier que François Hollande, après avoir proposé de ne pas abroger le budget de l’éducation nationale, maintenant voulait l’augmenter de 2,5 milliards », et vlan.
Royal et Montebourg, un fauteuil pour deux
Pour le reste des candidats, il a fallu se démarquer tant bien que mal. À ce petit jeu c’est Arnaud Montebourg et Ségolène Royal qui s’en sont les mieux sortis. Les deux le savent bien, une place de troisième à la primaire socialiste peut leur offrir plus de poids dans l’hypothèse d’un futur gouvernement. Hier, ils se sont montrés offensifs. La première a été ferme sur les licenciements boursiers, assurant qu’on pourra « les réguler ». Souriante, elle a ouvert son sac de propositions sur les banlieues, là où son vivier d’électeurs potentiels est le plus important.
Arnaud Montebourg s’est clairement positionné sur l’aile gauche du PS. Il a décliné à nouveau son concept de « démondialisation » et rappelé qu’il voulait bâtir « la nouvelle France ».
Sur l’autre aile, Manuel Valls a tenu sa ligne de conduite, s’accordant bien souvent avec ses camarades. Il a quand même été l’auteur d’une pique remarquée à l’attention d’Arnaud Montebourg : « Quand on dit qu’on va démondialiser, mettre sous tutelle les banques ou qu’on va interdire les licenciements boursiers, ça ne marchera pas ». Une prise de position qui aurait pu lui rapporter des points mais le tacle envoyé par Montebourg dans la soirée l’a achevé : « Les tribunaux sont plus à gauche que Manuel Valls ». Il aura bien du mal à se défaire de cette image de candidat de « droite » d’ici dimanche.
Jonathan Ardines