France. Dégradation du chômage en début d’année et perspective négative sur le front de l’emploi
Le taux de chômage a augmenté trois fois plus vite au premier trimestre 2012 (+ 0,3 point). Il concerne désormais 9,6 % de la population active en France métropolitaine et 10 % en prenant en compte les départements d’outre-mer, soit son pire niveau depuis 1999.
Bond du chômage pendant les trois premiers mois de 2012
La dégradation est plus forte ce trimestre que les deux trimestres précédents (+0,1 point selon les chiffres révisés par l’Insee), portant à 2,7 millions le nombre de chômeurs en France métropolitaine au premier trimestre, selon les statistiques de l’Insee publiées jeudi.
Les taux calculés par l’Insee selon les normes du Bureau international du travail donnent une projection du nombre de chômeurs différente du chiffre des inscrits à Pôle emploi, fourni chaque mois par le ministère du Travail, mais la tendance est identique.
Selon Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des Conjonctures économiques (OFCE), « On est dans un scénario de nette montée du chômage. On dépasse ce trimestre le précédent pic de fin 2009 pour retrouver les niveaux de 1999 ». Pour lui, le chômage atteindra les 10 % en métropole « d’ici la fin de l’année, car le faible niveau de croissance prévu sera insuffisant pour stabiliser le chômage ». L’OFCE prévoit en effet une croissance de 0,2 % en 2012.
Hausse du chômage chez les jeunes et les séniors
Le taux de chômage des jeunes, comme celui des seniors, a augmenté de 0,2 point. Le taux de chômage des 15-24 ans atteint ainsi 22,5 %, soit 630.000 jeunes au chômage.
Celui des plus de 50 ans augmente dans la même proportion à 6,6 %, soit 498.000 personnes. Cependant, le taux d’emploi des seniors (55-64 ans) poursuit sa progression (+0,7 point sur un trimestre, +3 points sur un an) à 43,5 % de la classe d’âge, en raison de la réforme des retraites.
Le gouvernement sous pression
À quelques jours des élections législatives, cette dégradation sur le front de l’emploi accentue la pression sur le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, qui a fait de la lutte contre le chômage la priorité de ce quinquennat.
Le ministre du Travail, Michel Sapin, a commenté les chiffres en estimant qu’il fallait agir sur la croissance avec des outils tels que le « contrat de génération » et les « emplois d’avenir », mais aussi avec la suppression de l’exonération sur les heures supplémentaires.
Sans attendre la conférence sociale prévue les 9 et 10 juillet pour lancer la négociation sur ces outils, le gouvernement mobilisera tous les « moyens disponibles » pour financer davantage de contrats aidés sur le second semestre. Des moyens supplémentaires seront également alloués à Pôle emploi, a ajouté M. Sapin.
Pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, ces chiffres montrent que des « dizaines de milliers de personnes, individuellement tout seul dans leur petite entreprise (…) perdent leur emploi » et que le problème va bien au-delà de la multiplication des plans sociaux.
(Avec AFP)
Rached Cherif