France – Dati attaque Fillon
L’ancienne garde des sceaux a multiplié les déclarations fracassantes à l’encontre de François Fillon hier dimanche. Très remontée, elle a dénoncé son « manque de courage » avant de l’accuser de trafic d’influence.
Le 12 octobre dernier, le premier ministre François Fillon annonçait qu’il quittait sa Sarthe électorale pour se présenter aux législatives de 2012 à Paris. Rachida Dati, actuelle maire du VIIe arrondissement, n’a pas apprécié qu’on vienne lui souffler la place sous le nez. Depuis cette date, une véritable guerre des mots s’est déclarée, déchirant chaque jour un peu plus le camp UMP de la capitale.
Invitée hier de Dimanche+ sur la chaîne cryptée, Rachida Dati a déclaré que Bertrand Delanoë avait « raison » de critiquer le « parachutage » de Cécile Duflot (EELV) à Paris pour les législatives.
Sans se faire prier, l’ancienne garde des sceaux en a rajouté une couche, estimant que « le parachutage » était « une pratique délétère pour la démocratie ».
Mais pas question pour elle d’abandonner cette circonscription qu’elle brigue pour 2012 : « Si votre question est de savoir « est-ce que je serai candidate aux élections législatives à l’endroit où je suis élue maire ?», la réponse est oui, et oui quoi qu’il arrive ».
« Si j’avais été un homme… »
« Je pense que si j’avais été un homme, ancien garde des Sceaux et maire du VIIe arrondissement, jamais je n’aurais été traitée de cette manière », a-t-elle affirmé.
Pour la maire du VIIe, son statut de femme a joué en sa défaveur, un comble selon elle dans la capitale française : « À Paris, la majorité des Parisiens sont des femmes, il serait quant même inconcevable qu’aucune femme ne soit investie par la droite à Paris ».
Après avoir fait part de ses états d’âme, Rachida Dati a attaqué le premier ministre de front, notamment sur ses méthodes : « François Fillon et ses amis continuent de recevoir des élus, même certains de (mes) amis, pour (me) déstabiliser ou pour leur demander de renoncer à leur soutien en (ma) faveur » avant de reprendre : « Évidemment, il est au pouvoir, il a les moyens de me déstabiliser et de m’écarter s’il le souhaite ».
Puis elle n’a pas hésité à s’en prendre directement à lui en l’accusant de manquer de « courage », « s’il en avait eu, il m’aurait appelée, il m’aurait reçue. Nous faisons partie de la même majorité ». Mais pas question de céder, elle l’a répété : « Je ne suis pas achetable, je ne négocie pas et je ne brade pas mes valeurs ».
Fillon accusé de trafic d’influence
Dans la soirée, Rachida Dati a réitéré ses propos allant encore plus loin dans l’accusation : « Il a le pouvoir, il a les moyens, il a reçu Jean Tiberi (maire du Ve arrondissement) et il a fait recruter son fils au ministère des Finances à un poste contre l’avis du ministère des Finances ». Des propos extrêmement graves, puisqu’elle accuse à demi-mot le premier ministre de se livrer à du trafic d’influence.
Cette nouvelle attaque ne vient qu’illustrer la bataille qui déchire la droite parisienne depuis plusieurs semaines. D’un côté, Philippe Goujon et Jean-François Lamour, qui tiennent la fédération UMP de la capitale et soutiennent le premier ministre pour récupérer la mairie en 2014.
De l’autre, Rachida Dati et Pierre Charon, le dissident qui s’était imposé lors des sénatoriales. Ces alliés ont le soutien de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP. Une bataille avec en toile de fond un match Copé/Fillon pour la présidentielle 2017.
Mais sous la pression d’un Nicolas Sarkozy qui ne veut aucune vague avant l’échéance présidentielle, le patron de l’UMP va devoir s’attaquer au climat délétère qui règne au sein de la droite parisienne.
Selon le Journal du Dimanche, quatre réunions successives devraient se tenir rue de la Boétie pour tenter d’éteindre l’incendie.
Suffisant pour calmer les esprits ? Rien n’est moins sûr. Avec ses accusations, Rachida Dati a franchi le rubicon, François Fillon doit être en train de préparer la contre-attaque.
Jonathan Ardines