France. Création d’un Front uni des luttes de l’immigration

 France. Création d’un Front uni des luttes de l’immigration

« Nous voulons remettre les quartiers populaires au cœur des préoccupations électorales »

Pour défendre les oubliés des quartiers populaires, de nombreuses associations ont décidé de se regrouper derrière un front commun. Un moyen de peser dans l’échiquier politique et de mettre un coup de projecteur sur certaines problématiques trop souvent oubliées par les partis.

Ils cultivaient cette idée depuis les émeutes de 2005. Créer une union associative autour de projets et de valeurs communes. C’est chose faite depuis ce week-end. Du 25 au 27 novembre se sont tenus à Créteil les 3èmes rencontres des luttes de l’immigration. Ce regroupement fut créé en 2009 par une association d’anciens mineurs marocains du Nord (l’AMMN).

Après trois jours de débats animés, la création d’un Front Uni Politique Autonome des Quartiers Populaires et des Immigrations a été actée. Les associations présentes ont décidé de se réunir pour défendre les intérêts et les droits moraux, civiques, matériels, culturels, sociaux, économiques et politiques des habitantes et habitants qui y vivent.

« Les hommes politiques, droite et gauche confondues, ne s’intéressent pas aux problématiques dans les quartiers. Ils préfèrent se tourner vers les classes moyennes où le taux d’abstention est moins fort. Nous voulons remettre les quartiers populaires au cœur des préoccupations électorales », nous explique Mohamed Mechmache, président du collectif ACLEFEU et membre du Front Uni.

Le forum social à Saint-Denis

Cette idée a germé lors du forum social des quartiers populaires (FQSP), les 11 et 12 novembre dernier à l’université Paris 8. « Nous avons soulevé les problématiques des quartiers, et nous nous sommes dit qu’il faudrait donner la parole à toutes ces personnes oubliées des politiques et abandonnées dans leur galère », nous raconte Mohamed Mechmache.

Durant ces deux journées, entre 200 et 300 personnes venues de toute la France s’étaient réunis pour cette 4ème édition du rassemblement.

Cette année, parmi les intervenants, on retrouvait le Mouvement Immigration Banlieue de Paris (MIB), le Tactikollectif, ACLEFEU de Clichy-sous-Bois, le FSQP de Grenoble, Diversité et la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) de Villeurbanne, la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux Rives (FTCR), la liste Emergence du Val de Marne, la Brigade Anti Négrophobie ou les Indigènes de la République.

L’objectif était clair, établir un constat sur la situation des habitants des quartiers populaires et essayer de fédérer les associations autour de projets communs. À la fin du forum, l’idée d’un Front Uni était sur la table et le texte rédigé. Les associations présentes se sont données rendez-vous les 25, 26 et 27 novembre à Créteil pour finaliser cette proposition.

Le mouvement politique des quartiers

Ce week-end, la proposition a donc été entérinée. Une autre est venue l’accompagner, la création d’un mouvement politique des quartiers.

« Nous allons mener des actions fortes, lutter contre le racisme, le chômage, mais aussi les violences policières », nous détaille Mohamed Mechmache avant de reprendre : « Nous allons organiser une forte mobilisation en janvier pour le procès de Hakim Ajimi, ce jeune homme décédé à Grasse en 2008, victime de brutalités policières ».

Alors que la réalité sociale se durcit chaque jour un peu plus dans les quartiers, les associations ont décidé de s’unir pour défendre les voix des oubliés. Pas question de briguer un poste électoral et encore moins de se faire récupérer comme « SOS Racisme et tant d’autres qui gravitent autour du PS », rajoute le président d’ACLEFEU.

Le mouvement veut obliger les politiques à prendre en compte les problématiques des quartiers populaires (chômage, isolement), mais aussi les questions liées à l’immigration comme le droit de vote des étrangers résidants lors des élections locales par exemple.

Le Front Uni va se réunir le 17 décembre pour lancer son champ d’actions. La bataille ne fait que commencer.

Jonathan Ardines