France. Clermont-Ferrand : décès du jeune Wissam

 France. Clermont-Ferrand : décès du jeune Wissam

Pour éviter tout risque de débordement

Depuis le 7 janvier, Wissam El-Yammi était dans le coma. Il est décédé hier lundi après-midi. Alors que la tension était à son comble dans les quartiers nord de la ville, les pouvoirs publics craignaient de nouveaux débordements.

 

« Je suis extrêmement choqué », a déclaré Mohamad Al-Abbas, président de la ligue des droits de l’homme de Clermont-Ferrand hier lundi après la nouvelle du décès de Wissam El-Yammi. Ce trentenaire d’origine algérienne était dans le coma depuis le 7 janvier suite à une interpellation musclée des forces de l’ordre le soir de la Saint-Sylvestre.

Vers 20 heures hier soir, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées calmement dans le quartier de Gauthière, devant la centre commercial, là où le jeune homme avait été interpellé par la police. La tension était palpable dans ce quartier où des voitures avaient brûlé durant le week-end.

Mohamad Al-Abbas s’inquiétait hier « d’une situation extrêmement tendue. Les jeunes ont brûlé des voitures alors qu’il était dans le coma, je n’imagine pas ce qui va se passer maintenant qu’il est mort ».

Pour éviter tout risque de débordement, le préfet du Puy-de-Dôme, Francis Lamy avait décidé de mettre en place « tous les moyens nécessaires pour dissuader les actes de délinquance et procéder à des interpellations ».

Hier soir, 420 fonctionnaires de police et de gendarmerie étaient mobilisés sur place. Deux hélicoptères, l’un équipé d’une caméra thermique, l’autre d’un projecteur, ont assisté les forces de l’ordre toute la nuit.

Une bavure policière ? 

Wissam El-Yammi avait bu, fumé aussi, mais selon Mohanad Al-Abbas, originaire des quartiers nord de la ville et proche de la famille de la victime, « Wissam ne présentait pas une attitude agressive ».

Après son interpellation, les policiers s’en seraient donné à cœur joie sur le jeune homme, assez pour lui ôter la vie. Le jeune homme présentait de multiples fractures et des lésions au cou au moment de l’arrivée des secours.

Une information judiciaire pour coups et blessures volontaires par personnes dépositaire de l’autorité publique a été ouverte vendredi par le parquet de Clermont-Ferrand, visant deux fonctionnaires de police qui ont procédé à l’arrestation. « S’il y a eu faute professionnelle, les procédures disciplinaires et pénales iront jusqu’à leur terme », a assuré le préfet.

Pour Mohamad Al-Abbas, tout ce qui arrive était prévisible : « Depuis de nombreuses années, le contact entre les habitants et la police est très tendu sur la commune. Les forces de l’ordre sont là pour assurer la sûreté des citoyens, mais ils ne respectent même pas leur dignité. »

Hier, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a déclaré : « La seule chose que je voudrais dire, c’est que s’il y a eu une interpellation difficile, ça n’est pas le fait des policiers ».

Une déclaration qui a fait bondir Mohamad Al-Abbas qui l’a jugée « choquante » comme toutes celles des pouvoirs publics : « À les écouter, les quartiers nord de Clermont sont devenus les plus chauds de France. Un hélicoptère survole en permanence les cités, je trouve ça un peu exagéré. Ce sont des quartiers calmes où il ne se passe jamais rien, il ne faut pas tomber dans l’exagération. »

Hier, les jeunes arrêtés la veille pour avoir brûlé des voitures ont été déférés au tribunal pour une comparution immédiate. Alors que tous les acteurs du quartier appellent au calme, ces condamnations devraient décourager les plus téméraires.

En attendant, la famille de la victime qui va se porter partie civile attend des réponses. Que s’est-il réellement passé entre le moment de l’interpellation de Wissam et son arrivée au poste de police, dans un état critique ?

Jonathan Ardines