France. Choukri El Barnoussi, Mouvement Emergence : « Nous avons su tirer notre épingle du jeu »
Le président et candidat du mouvement Émergence est revenu pour le Courrier de l’Atlas sur cette campagne des élections législatives. « Content » des scores réalisés par tous les candidats lors du premier tour, Choukri El Barnoussi se projette déjà sur les municipales prévues dans deux ans.
Le Courrier de l’Atlas : Le premier tour des élections législatives vient de se terminer. Êtes-vous satisfait des différents scores réalisés par les candidats Émergence ?
Choukri El-Barnoussi : Nous sommes très contents des scores que nous avons réalisés. Dans nos villes d’implantation, nous arrivons juste en dessous des gros partis traditionnels, c’est vraiment encourageant pour la suite. Cette élection a été très dure pour les partis comme le NPA et tous les petits. Nous avons su tirer notre épingle du jeu.
Et à titre personnel, vous étiez candidat sur la 5e circonscription de l’Essonne ?
Sur ma ville (les Ulis), j’ai terminé 6ème sur 17 avec 3,36% des voix. Sur un bureau de vote, j’ai obtenu jusqu’à 7,43% et sur l’ensemble de la circonscription 0,84%, ce qui me place en 9ème position.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées par vos candidats lors de cette élection ?
En premier lieu, les difficultés financières. Nous avions une équipe qui se mobilisait pour mettre de l’argent dans les caisses, mais ça ne suffit pas. On a fait avec nos petits moyens, ce fut dur mais globalement on a réussi à s’en sortir et à retomber sur nos pattes. Pour ça, il a fallu mettre la main à la poche, ça été mon cas notamment, ma femme a un peu tiré la tronche (rire). Plus sérieusement, le problème, c’est qu’on a passé beaucoup de temps à essayer de récolter des fonds. Un temps précieux qui aurait pu servir à mener campagne.
On a aussi été la cible d’attaques récurrentes, surtout émanant du Front National. Nous avons été bombardé de mails, Riposte Laïque nous a présentés comme une liste communautaire et a dit un tas d’énormités sur nous. Nous les attaquons d’ailleurs en diffamation. Cette image de liste communautaire qu’ils voulaient nous coller, les gens ont commencé à y croire. C’est complètement faux. Nous sommes pour un clivage social mais pas ethnique. Certes, le mouvement part des quartiers populaires, mais il touche aussi ceux qui n’habitent pas dans ces quartiers et qui se sentent concernés par les problématiques que nous défendons.
Les autres partis ne nous ont pas non plus épargnés. Le PS nous a présentés comme un parti de droite tandis que le Front de Gauche déclarait qu’on était des centristes…
Dernière grosse difficulté rencontrée sur le terrain, la démobilisation des gens pour ces élections législatives. On l’avait déjà senti lors des cantonales. Pour la présidentielle ou les municipales, les gens se sentent concernés, mais là, ils nous disaient souvent : « ça ne sert à rien, ces élections ».
Quels ont été les vrais points positifs émanant de cette campagne de terrain ?
Beaucoup de gens ont commencé à s’intéresser à nous et on a eu de bons échos. Ils pointaient du doigt notre jeunesse qui est un vrai atout d’avenir. Dans la rue, des personnes nous félicitaient pour notre programme, soulignant que nous avions des propositions concrètes et applicables.
Notre ligne a toujours été lisible et clair. Nous parlons des problèmes du quotidien et proposons des solutions applicables immédiatement, ça a séduit. Le NPA nous reprochait de ne pas « parler du monde de la finance ». On en parle, mais en prenant le temps de bien l’expliquer. Dire « on va mettre le SMIC à 1700€ », les gens dans les quartiers ne comprennent pas, ils se disent que ce n’est pas possible. Il faut expliquer qu’on va devoir changer le système capitaliste et comment on va y arriver. Il faut d’abord une ligne pragmatique.
Notre indépendance à l’égard des autres partis politiques a toujours été soutenue. Nous l’avons rappelé, nous restons libres et nous ne ferons d’alliances avec personne.
Quel est le prochain objectif pour le mouvement Émergence ?
Maintenant, ce sont les municipales à fond. On ne va attendre les derniers mois pour occuper le terrain, ça commence dès maintenant. Nous sommes bien implantés sur nos villes, beaucoup de gens sont prêts à nous aider et à nous soutenir. Nous allons commencer à former nos listes pour les municipales.
Durant ces deux ans à venir, nous allons nous mobiliser pour faire remonter les problématiques de terrain. Une ligne en sortira et servira à mettre en place notre programme. Nous comptons également faire une université d’été du mouvement avec tous les sympathisants. Les personnes qui le souhaiteront pourront adhérer.
Pendant ces deux années, nous voulons être de tous les combats sociaux, pour le logement, les retraites, la discrimination, les sans-papiers… Il faudra mobiliser un cortège Émergence pour chaque combat afin d’avoir une meilleure visibilité.
Propos recueillis par Jonathan Ardines