France. Candidats et monde associatif : une rencontre qui tourne court

 France. Candidats et monde associatif : une rencontre qui tourne court

Lors de cette rencontre


Ce samedi 10 mars, dans la halle des Ateliers Christofle, à Saint-Denis, le monde associatif avait donné rendez-vous aux candidats aux élections présidentielles. L’idée était de les interpeller sur les questions relatives à la place des corps intermédiaires dans la société et d’autre part, sur celles liées au financement et à la pérennisation des actions associatives. 




 


Etaient présents, Nathalie Koszuiko-Morizet, pour représenter Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Bayrou, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon. Le moins que l’on puisse dire est que cette rencontre fût soporifique.


Les candidats qui se sont succédés à la tribune avaient 30 min pour répondre aux questions préenregistrées de responsables d’association. Nathalie Koszuiko-Morizet a commencé fort en braquant la salle, peuplée pour partie d’associatifs, en affirmant qu’il n’y a pas de baisse des moyens de l’Etat dédiés aux associations puisque les avantages fiscaux liés aux dons des particuliers aux associations transfèrent 2 milliards d’euros. Elle justifie la baisse des subventions directes par une phrase qui a provoqué l’hilarité de la salle : «  L’idée est que la France ne finisse pas comme la Grèce ! ».


François Hollande, pour sa part, veut remettre au goût du jour la Charte d’engagements réciproques signée en 2001 par Lionel Jospin mais jamais mise en application. Cette charte met en avant la spécificité du secteur associatif. Il s’est engagé, s’il est élu, à rencontrer une fois par an les responsables associatifs.


Ce corps intermédiaire qu’il considère essentiel au dialogue social et civil, doit s’investir encore plus dans l’économie locale notamment en renforçant le lien avec les collectivités territoriales, amorçant ainsi une décentralisation prochaine du financement. Il souhaite également porter à 100 000 le nombre d’emplois aidés.


 


« Manque d’éloquence »


Le candidat du Modem, François Bayrou, bien plus attaché à la réduction de la dette et à la maîtrise des dépenses, veut la création d’un conseil national dans lequel les associations pourront s’exprimer. Pour lui, hors de question d’augmenter subventions et emplois aidés mais il propose de fixer une taxe sur les transactions financières qui pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards d’euros à l’échelle de l’Europe.


Eva Joly, très proche du monde associatif de par la structuration même de son parti politique, est revenue sur les réformes imposées par le gouvernement de Nicolas Sarkozy et sur leurs conséquences : la mise en danger du secteur. Elle propose la création d’un pôle d’investissement public avec des fonds éthiques qui seront dédiés à l’économie sociale et solidaire.


Enfin, le dernier à avoir pris place sur l’estrade, Jean-Luc Mélenchon a réveillé un tant soit peu l’assistance. Il a fustigé certains présidents d’association qui se comportent « en monarques absolus » et a annoncé la mort prochaine du secteur associatif étouffé par la course aux subventions et prochainement balayé par le marché (sous entendu, capitalistique).


Pour lui, le service civique est « une belle idée qui s’est transformée en arnaque » puisqu’il s’agit d’augmenter la précarité des salariés en leur proposant des contrats sous payés et plus faciles à rompre. Il s’est prononcé pour un financement plus « fluide » avec la création d’un pôle financier public incluant des établissements publics.


Résultat de cette rencontre : une impression persistante que les candidats n’ont pas pris la mesure des enjeux du secteur. Edith Arnault-Brill, vice présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental a même parlé de « manque d’éloquence », un bien doux euphémisme.


Nadia Lamarkbi