France. Benoît Hamon en visite à Montreuil
Le ministre délégué à l’économie sociale et solidaire était de passage hier dimanche dans la ville de Seine-Saint-Denis. Venu soutenir le candidat socialiste sur la circonscription, Razzy Hammadi, il a débattu avec les habitants du quartier de la Noue venus très nombreux pour l’occasion.
« C’est la première fois que je vois autant de gens du quartier réunis dans cette salle », lance amusé Amadou à la maison de quartier de La Noue.
Après avoir arpenté 30 minutes le marché de la croix de chavaux de Montreuil, Benoît Hamon fait son apparition, accompagné de Razzy Hammadi, candidat PS sur la circonscription.
Au milieu des grands bâtiments qui composent cette cité à cheval entre Montreuil et Bagnolet, le ministre ne semble pas déboussolé. Souriant, il s’approche des jeunes qui tapent le ballon sur le parvis pour les saluer chaleureusement.
Peu habitués à voir débarquer un ministre dans leur quartier, des résidents affluent sur le parvis tandis que d’autres se pressent à leur fenêtres pour l’apercevoir. « On compte sur vous, M. le ministre », lui rappelle une jeune maman.
« Le jeu peut régler les problèmes »
Première visite pour l’association « A l’adresse du jeu ». Créé depuis 1995, la ludothèque 1,2,3 soleil permet au plus grand nombre de se divertir grâce à un grand choix de jeux de sociétés. « Il y a une réelle exigence intellectuelle derrière ce projet, avance Razzy Hammadi, on se rend compte que le jeu peut régler les problèmes de certains enfants ».
Catherine Watine, présidente insiste sur l’importance du jeu pour certains élèves : « Il s’avère souvent que ceux qui sont le plus en difficulté dans le système scolaire réussissent à s’épanouir à travers les jeux de société. Il n’y a plus ce système de notation et cette compétition qui les bloquent parfois ». Pour la présidente, un partenariat avec le gouvernement doit être mis en place pour que le jeu de société fasse son entrée à l’intérieur ou en marge du système scolaire.
Sensible au discours, le ministre promet d’en parler à Vincent Peillon (ministre de l’Education nationale) et à Aurélie Filipetti (ministre de la Culture) très bientôt.
Une salle pleine à craquer
La salle de la maison de quartiers affiche complet. Des chaises viennent se rajouter en urgence pendant que les derniers arrivants restent debout à l’entrée. Razzy Hammadi prend la parole. « Conscient des difficultés du quartier de la Noue », il promet que s’il devait être élu, il ferait de son mieux pour les résoudre.
Un habitant du quartier, proche du Front de Gauche, intervient : « Cela fait 4 ans qu’ils (les verts) ont pris la municipalité, on n’a jamais vu personne dans le quartier », se plaint-il. « Mensonge ! », lance une femme dans la salle. Les esprits s’échauffent un peu. Razzy Hammadi tente de calmer l’assistance. « Si je suis élu, je travaillerai avec tout le monde, quelles que soient la couleur, l’origine ou l’orientation politique, chacun sera le bienvenu dans mes réunions ».
Dans un quartier durement touché par le chômage (+ de 40%), Razzy Hammadi interpelle le ministre sur les emplois d’avenir. « On a fait les comptes, vu le nombre d’habitants de la commune, nous devons en obtenir 400… ça sera le cas ? ». Benoît Hamon promet des emplois, notamment pour les jeunes, « les plus touchés par le chômage ».
À l’image de ce qu’avait fait le gouvernement socialiste entre 1997 et 2002 avec les emplois jeunes, le ministre veut renouveler l’expérience en appuyant dans le secteur associatif. « Nous allons créer des emplois dans ce domaine. Des CDI avec un contenu et une qualité enrichis », promet Benoît Hamon.
Bataille à gauche sur la circonscription
Le ministre répète ensuite ses classiques. « Contrat de génération » avec l’exonération complète des charges pour l’employeur qui embauche un jeune et garde un sénior. Soutien aux jeunes entrepreneurs qui veulent créer leur boîte.
Benoît Hamon sait que la gauche « est attendue au tournant ». Conscient qu’un échec sur ce quinquennat signifierait « encore plus d’austérité » avec les gouvernements qui succèderaient, le ministre ne veut pas de combat à gauche.
Un habitant du quartier prend le micro. « On a reçu M. Chevènement, rien n’a changé. On en a marre des promesses, on veut du concret. Mon fils est au SMIC, beaucoup de jeunes sont au SMIC, vous pensez qu’on peut vivre décemment avec si peu ? ». « Il y aura des discussions et des négociations avec les partenaires sociaux, assure le ministre, les choses vont bouger ».
« Que comptez-vous faire pour lutter contre la discrimination à l’embauche ? Pour ceux qui sont en souffrance, qui n’habitent pas dans le bon quartier ? », lance Cheikh Mamadou, conseiller municipal Front de Gauche. « Je suis frappé par le racisme lié à la couleur de peau ou à la religion qui handicape pour entrer dans une entreprise ou se lancer en politique. Nous allons commencer par modifier la procédure du contrôle d’identité pour mettre fin aux contrôles aux faciès et faire chuter la tension ».
« Vous avez fait un accord avec EELV et pas avec le Front de gauche. Vous n’auriez pas dû mettre des candidats dans certaines circonscriptions » s’agace un militant du parti de Mélenchon. La tension monte dans la salle, la chaleur aussi. Benoît Hamon garde sa ligne de conduite, « nous avons un pays à reconstruire ». Dernières photos souvenirs et le ministre s’engouffre dans sa voiture, direction Clamart pour une autre ambiance.
Jonathan Ardines