France. Argent sale sur fond d’élections

A quelques jours du jugement en appel de l’affaire Clearstream, la nouvelle tombe mal. L’avocat Robert Bourgi a lâché une véritable bombe au Journal du dimanche :« J’ai participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne à la mairie de Paris, il n’y avait jamais moins de 5 millions de francs. Cela pouvait aller jusqu’à 15 millions. » avant d’égratigner directement Dominique de Villepin : « Je me souviens de la première remise de fonds en présence de Villepin. L’argent venait du maréchal Mobutu, président du Zaïre. C’était en 1995. Il m’avait confié 10 millions de francs que Jacques Foccart est allé remettre à Chirac »

Mais l’avocat ne s’arrête pas là. Il raconte la préparation de la campagne présidentielle de 2002. Il détaille une scène qui se serait déroulée dans le bureau de Dominique de Villepin : « Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’Etat africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002 ».

 

Un grand ami de Sarkozy

 

Ces déclarations se font l’écho du livre de Pierre Péan, « la République des mallettes », qui évoque également ces accusations. Dans cet ouvrage, il est mentionné que l’ancien premier ministre aurait reçu une vingtaine de millions de dollars de chefs d’Etats africains entre 1992 et 2005.

Dominique de Villepin qui avait dénoncé vendredi sur RTL « un livre de fantasmes » n’a pas tardé à réagir à ces nouvelles accusations. Hier sur France 3, il a qualifié « d’indignes » et « mensongères » ces attaques assurant que tout cela n’est pas un hasard. De son côté, Jacques Chirac a annoncé qu’il allait porter plainte pour diffamation selon son avocat.

Cette interview sonne comme une riposte face aux déclarations de la juge Isabelle Prévost-Desprez sur la remise d’enveloppes à Nicolas Sarkozy chez Liliane Bettencourt.

Le JDD qui présente Robert Bourgi comme le successeur de « Jacques Foccart » omet un détail. Le porteur de billets est ami et conseiller ‘Afrique‘ du président actuel.

En 2005, sa collaboration avec Dominique de Villepin prend fin. Déçu et remonté, il décide de rejoindre le camp Sarkozy. Le 27 septembre 2007, Robert Bourgi se fait remettre la légion d’honneur par…Nicolas Sarkozy. Le président déclare ce jour là : « Je sais, cher Robert, pouvoir continuer à compter sur ta participation à la politique étrangère de la France avec efficacité et discrétion. »

Mais n’allez pas lui faire dire que les magouilles ont continué. Depuis l’élection présidentielle de 2007, il le stipule formellement: « Ni Omar Bongo ni aucun autre chef d’État africain, par mon intermédiaire, n’a remis d’argent ni à Nicolas Sarkozy ni à Claude Guéant. »

Aucun doute là dessus.

Jonathan Ardines