France – Amatullah au service des oubliés

 France – Amatullah au service des oubliés

Distribution de repas chauds au métro Gallieni hier soir mercredi par l’association Amatullah. DR.

L’association, créée en 2006, tente de venir en aide aux plus démunis. Maraudes, distributions de repas ou colis, engagement au Maroc ou en Haïti, Amatullah est sur tous les fronts. Si l’équipe qui la compose est essentiellement constituée de musulmans, ses bénéficiaires sont de tous horizons.

« Amatullah, ce sont vraiment des gens en or. Cette association, il n’y en a pas deux comme ça », nous lance un bénéficiaire. Comme tous les mercredis soirs, ils sont nombreux à venir à la sortie du métro Gallieni.

Derrière quelques tréteaux, une trentaine de bénévoles s’active pour pouvoir venir en aide à ces gens qui vivent dans une situation précaire : « Beaucoup n’ont pas d’endroit où dormir, certains ont un appartement mais pas assez d’argent pour pouvoir se nourrir ».

Ce soir, Bulgares, Tchétchènes, Maghrébins font la queue pour avoir un repas chaud.

Quelques heures plus tôt, au local de Bagnolet, la cuisine affichait complet. À la différence d’autres associations qui reçoivent des plats déjà tout préparés, ici on s’occupe de tout. Autour de grandes marmites, plusieurs femmes s’affairent pour préparer le repas du soir.

De l’autre côté du couloir, une petite salle sert de bureau et de cellier. « C’est ici que toutes les denrées alimentaires qu’on nous donne sont stockées », nous explique M. Dia, vice-président de l’association. Derrière lui, plusieurs sacs de riz se superposent venant se mêler au reste des victuailles.

Aucun prosélytisme

À Gallieni, la distribution bat son plein. « Depuis deux ans, nous donnons entre 40 et 50 repas sur ce site », nous explique un bénévole avant de préciser : « Honnêtement, depuis qu’on est là, c’est bien souvent les mêmes personnes que l’on voit».

Une longue période commune qui a permis de tisser des liens avec les bénéficiaires. Si parfois le barrage de la langue est un frein, d’autres prennent le temps de discuter, de se confier. C’est encore plus le cas pour les bénéficiaires de confession musulmane, davantage à l’aise avec des « gens qui partagent leurs convictions ».

Mais même si la majorité des bénévoles sont musulmans, le prosélytisme est banni de l’association : « Nous ne donnons pas en fonction de la religion ou de l’origine, nous aidons tous ceux qui en ont besoin », nous affirme son vice-président.

Fin de la distribution. L’équipe se réunit puis tout le monde monte dans le camion. Comme tous les mercredis et vendredis soir, Amatullah assure une maraude : « Nous allons dans un camp de Roumains juste derrière puis nous nous dirigeons sur Porte de Montreuil où de nombreux Maghrébins nous attendent. Ensuite, direction porte de la Chapelle où vivent des Éthiopiens et enfin Quai de Valmy où une communauté afghane a élu domicile ».

Soutien d’un orphelinat au Maroc

« Le samedi après-midi, nous distribuons des colis alimentaires d’une valeur de 150 euros pour les familles les plus démunis » nous précise M. Dia. La population qui profite de cette aide est disparate. Des jeunes couples en difficulté viennent se mêler aux retraités sans le sou.

Jusque là, l’association s’appuyait uniquement sur la générosité des donateurs et sur le coup de pouce des partenaires. Aujourd’hui, elle veut devenir autonome financièrement :  « Nous commençons à organiser des mariages. Nous nous occupons des repas, du service et nous trouvons aussi la salle pour un coût raisonnable ».

En attendant, l’association développe aussi des projets à l’international. C’est le cas du Maroc où depuis 2006, elle soutient l’orphelinat du quartier Aïn-Chok, dans la banlieue de Casablanca. Chaque année, des membres s’y rendent pour donner des cours d’alphabétisation, sensibiliser sur l’importance de l’eau ou offrir une formation bucco-dentaire.

L’an dernier, après la tragédie qui a touché Haïti, « une sœur » de l’association, originaire de l’île, est allée là-bas pour aider à creuser un puits. Car peu importe la culture ou les croyances de ses habitants, Amatullah pense avant tout avec le cœur.

Jonathan Ardines