France. ACLEFEU garde le cap
Pour sa deuxième journée, le « ministère de la crise des banlieues » a reçu certains hommes politiques. Si le collectif est satisfait de son action, il attend plus de partis qui tardent à prendre en compte la question des quartiers populaires.
Hier mercredi en fin de journée, la chaleur avait fait son retour au rez-de-chaussée du 26 rue Geoffroy-Lasnier. Après François Hollande venu dans la matinée, Olivier Besancenot et Philippe Poutou, candidats du NPA, quittaient tout juste le « ministère » après un dialogue qui aura fait du bien au collectif.
« Ça n’avait rien à voir. Il n’y avait pas de langue de bois, on parlait de problèmes qu’ils connaissaient parfaitement », s’enthousiasme Fatima Hani, secrétaire nationale d’ACLEFEU.
Au même moment, François Asselineau, candidat UPR (Union Populaire Républicaine) débarque dans les locaux. Inconnu de tous, M. Asselineau ne bénéficie d’aucune couverture médiatique : « J’ai eu le droit à 0 heure, 0 minute et 0 seconde », lâche-t-il furieux.
Mais ici, pas de discrimination, pendant plus d’une heure, le candidat va exposer son programme et répondre aux questions des membres du collectif. Une première rencontre fructueuse qui en appellera sans doute une autre.
« C’est le principe. On discute et si tout se passe bien, on planifie une deuxième rencontre pour se mettre d’accord sur ce qui pourra être fait par chaque candidat », explique Fatima Hani.
Hollande ne fait pas l’unanimité
Un peu plus tôt dans la matinée, c’est le candidat du parti socialiste qui créait l’émulation. Accompagné de son chef de cabinet, Saouzi Lambaoui et de Claude Bartolone, François Hollande déclarait à son arrivée, « Je viens pour qu’on ait le temps d’un dialogue et après, le temps d’une action qui j’espère mobilisera largement les quartiers. Aucun territoire ne doit être délaissé, aucun citoyen ne doit être abandonné. Depuis hélas cinq ans, c’est le sentiment qui s’est installé ».
Face aux douze propositions du collectif et à une presse mobilisée, le candidat PS a assuré qu’il était prêt à intégrer certaines propositions à son programme : « Nous verrons. Si certaines correspondent à ce que je pense utile pour la France, oui, bien sûr ».
L’entretien a duré un long moment, François Hollande en est ressorti satisfait, « Ce qu’ils demandent, c’est que la campagne présidentielle porte sur le sujet de la jeunesse, de l’égalité et du développement de ces quartiers qui sont des atouts pour la France », a déclaré le candidat avant de lâcher : « Je me suis engagé ».
À son départ, le son de cloche n’est pas le même chez les bénévoles. Si certains sont satisfaits de sa venue, « c’est bien, il ne s’est pas caché et a parlé de tout », d’autres flairent le coup médiatique : « Il voulait se faire mousser devant les caméras, mais je ne le sens pas sincère », déclare un membre du collectif.
Le Pen et Sarkozy pour le dernier jour ?
Dernier jour du « ministère de la crise des banlieues » à Paris. « De toute façon, ça sera positif, on a réussi à aller jusqu’au bout de notre projet avec de faibles moyens et une grosse motivation », se félicite Fatima Hani.
Eva Joly, la candidate d’Europe Ecologie les Verts devait venir hier, puis elle a été annoncée malade. Elle devrait donc faire le déplacement aujourd’hui. Mais ce n’est pas elle qui fait parler.
Le Front National a pris contact avec des membres du collectif et annoncé son intention de venir au « ministère ». Une situation pas envisagée par le collectif : « Pour nous, c’était impensable que le FN se déplace pour venir nous voir. Mais nous ne fermons notre porte à personne. S’ils font donc le déplacement, nous allons les recevoir », annonce Fatima Hani.
Une rumeur qui est arrivée jusqu’aux oreilles du président. Des émissaires de l’UMP ont fait le déplacement hier mercredi en fin de journée pour prendre la température. Il se murmure dans les couloirs que Nicolas Sarkozy en personne pourrait faire le déplacement aujourd’hui pour ne pas se faire déborder sur sa gauche par le FN. Info ou intox ?
De toute façon, même si les candidats ne se déplacent pas, le collectif a déjà prévu la suite : « On a un plan B, un plan C pour toutes les éventualités, on ne va rien lâcher », assure Fatima Hani.
Jonathan Ardines