France. À Longjumeau, l’UMP vire à droite toute

 France. À Longjumeau, l’UMP vire à droite toute

Nicolas Sarkozy ne s’en cache plus


Nicolas Sarkozy donnait l’un de ses tout premiers meetings ce mardi à midi dans le fief de sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet. Dans le théâtre municipal, devant 1 000 personnes, le candidat UMP a orienté son discours vers le FN, à la grande joie des militants. (Photo AFP)




 


« Il faut faire une alliance indirecte avec le Front National », déclare sans se cacher Isabelle, militante depuis deux ans. Comme beaucoup dans la salle du théâtre de Longjumeau, elle s’inquiète pour le second tour : « Les scores sont serrés, ça va être difficile ».


Drapeau bleu-blanc-rouge à la main et t-shirt blanc à l’effigie de son candidat, Isabelle espère que « les gens qui ont voté FN voteront utile au second tour ». Ce « vote utile » si décrié par la droite durant la campagne pourrait bien être la seule porte de sortie pour le candidat UMP.


« Sans ces voix (FN), on ne peut pas gagner alors mieux vaut avoir l’ennemi proche de nous », tente-t-elle d’expliquer. Brice, la trentaine, vient pour son tout premier meeting. À l’écoute de notre conversation, il coupe et abonde dans le sens d’Isabelle : « Marine Le Pen a mis de l’eau dans son vin, ce n’est pas son père ».


 


« Hollande a peur de Sarkozy »


La salle d’environ 1 000 personnes affiche complet. Les drapeaux français s’agitent sous les cris de « Nicolas président ! ». Le public ne compte que très peu de jeunes, les rangs sont garnis de personnes d’un certain âge.


Thibault, jeune travailleur est « venu par curiosité ». Pour son tout premier meeting, il vient supporter Nicolas Sarkozy car il aime « sa prestance et son charisme ». « Confiant » même s’il estime que cela sera serré, il votera le 6 mai prochain pour le candidat UMP car « c’est le seul à avoir une stature internationale » selon lui. « C’est trop facile de dire que le bilan de Sarkozy est négatif. Il n’est là que depuis 5 ans, les soucis datent de Mitterrand », renvoie-t-il d’un revers de la main.


Devant les journalistes, en rang serré se dressent les « étudiants de l’UMP » reconnaissables à leur t-shirt. Brice, leur responsable, semble déjà prêt pour la politique : « Nous sommes unis pour la France forte, on va gagner », clame-t-il.


« Au premier tour on était à 1 contre 9, désormais c’est 1 contre 1, le mano à mano », se réjouit-il. Comme nombre de militants, il insiste pour que le camp Hollande accepte plusieurs débats. Selon lui, le candidat PS refuse car « il a peur ». « Il ne pourra pas tenir face à l’animal politique qu’est Sarkozy », affirme Brice.


 


« Hollande avec Mélenchon, Sarkozy avec Le Pen, c’est normal non ? »


« Il faut qu’il adapte son discours au score du Front National », déclare Christine, militante de la commune de l’Essonne. « Hollande se rallie bien à Mélenchon, alors pourquoi n’aurions-nous pas le droit de nous rallier à Le Pen ? La gauche ensemble, la droite aussi », lance-t-elle avant qu’une marseillaise ne se déclenche dans les travées.


Nathalie Kosciusko-Morizet, maire de la commune et porte-parole du président prend la parole et attaque sur « le droit de vote des étrangers aux élections », une ineptie socialiste selon elle.


Enfin, avec une heure et demie de retard sur l’horaire prévu, Nicolas Sarkozy arrive dans la salle sous les hourras de la foule. Après quelques attaques à l’encontre de François Hollande, « moi, j’accepte le débat proposé par les radios », le candidat UMP dirige son discours de 40 minutes uniquement vers l’électorat frontiste.


Les « assistés », « les étrangers qui viennent dans des quartiers pour en faire des ghettos », les « immigrés qui viennent uniquement pour bénéficier des allocations sociales », le président sortant ne fait pas dans la finesse. Il promet devant une foule conquise de diviser par deux l’immigration légale et annonce que le RSA ne sera réservé qu’ « aux personnes vivant sur le territoire depuis au moins 10 ans ».


Lui qui s’élève « contre le vote communautaire » ressort l’épisode de la loi sur les burqas, les « horaires de piscines pour femmes » à Lille et les femmes qui refuseraient certains « médecins » hommes dans les hôpitaux publics.


Pour terminer, il annonce qu’il sera place de la Concorde le 1er mai car « la gauche n’a pas le monopole des travailleurs ».


Nicolas Sarkozy ne s’en cache plus, il vise ouvertement le vote frontiste, quitte à ne faire qu’un sur certains sujets avec le FN. Une stratégie périlleuse qui risque de lui coûter de nombreuses voix centristes.


Jonathan Ardines