Football. Maroc : Les raisons de la défaite

 Football. Maroc : Les raisons de la défaite

Face à la Tunisie

Le temps est venu de la remise en cause. Après sa défaite face à la Tunisie, le Maroc se trouve au bord du gouffre, et s’interroge. En attendant qu’Eric Gerets trouve des solutions, nous mettons le doigt sur trois des raisons du faux départ des Lions.

 

Adil Hermach a manqué

Eric Gerets a surpris. A l’annonce de son onze, un grand absent se distinguait : Adil Hermach. Pilier de la campagne de qualification et seul milieu récupérateur au sens strict de la sélection, l’ex lensois était mis de côté.

Le Lion de Rekem préférait miser sur un attelage Kharja-Belhanda, deux joueurs habiles pour donner la première orientation offensive mais pas vraiment des gratteurs de ballon hors-pair.

Le vide laissé par l’absence d’Hermach fut flagrant. Orphelin de sa tour de contrôle de l’entre-jeu, le Maroc a laissé beaucoup trop de liberté aux Tunisiens quand ceux-ci passaient la ligne médiane. Si la défense des Lions ne fut pas irréprochable, la facilité avec laquelle les Aigles se projetaient vers la surface adverse a surtout mis en évidence le déséquilibre d’un onze marocain, trop porté vers l’avant.

Gerets pourrait toutefois rétorquer qu’il ne peut endosser la responsabilité du manque d’enthousiasme mis par certains éléments offensifs dans leurs replis. Reste qu’avec un Hermach dans la balance, les Lions devraient gagner en stabilité.

 

Trop jeunes, trop inexpérimentés

Cette CAN arriverait-elle trop tôt pour la talentueuse jeunesse marocaine ? La question mérite d’être posée. Face à la Tunisie, les Lions n’ont pas manqué d’enthousiasme, mais ont souvent semblé improviser, alors que la Tunisie récitait parfaitement son efficace leçon. Un constat qui pourrait être lié au manque d’expérience de certains chérifiens.

Ainsi, Amrabat n’avait pas encore disputé de match officiel avec les Lions avant de rencontrer les Aigles. Quant à Assaidi, annoncé forfait face au Gabon, ses débuts avec la sélection remontent à il y a moins d’un an.

Bien encadrée, la fougue de la jeunesse, sa fraîcheur, peut se révéler un atout. Mais Assaidi, Amrabat, ou Taarabt, ce dernier rentré en jeu en seconde période, ont trop souvent confondu vitesse et précipitation pour se montrer décisifs. Comme si une boussole leur faisait défaut.

Leader technique, Boussoufa n’a pas l’âme d’un capitaine de route. Leader de l’attaque, Chamakh n’a pas prêché par l’exemple. Seul Kharja, venu porter secours à ses avants dans le dernier quart d’heure, a semblé capable de jouer les métronomes. Il ne serait pas surprenant de le voir monter d’un cran sur la prochaine feuille de match. « On a créé du beau jeu mais, comme l’a dit le coach, il y a beaucoup de jeunes joueurs et, à un moment, on a plus joué avec le cœur qu’avec la tête », a d’ailleurs considéré l’ex joueur de l’Inter, du haut de ses 29 ans.

 

Un changement tactique envisageable ?

Pour prendre à revers la solide défense tunisienne, Eric Gerets avait misé sur un 4-2-3-1 à fort potentiel offensif. Dans ce dispositif, Marouane Chamakh occupait la pointe de l’attaque, une position où il a rarement excellé. En règle générale, le Gunner se montre davantage à son avantage dans un 4-4-2, où il est associé à un pur avant-centre.

Là se situe la limite de la théorie, car le Maroc ne dispose pas d’un réel buteur dans ses 23. Youssef Hadji, par sa capacité à prendre la profondeur, pourrait toutefois constituer un complément cohérent de Chamakh. Autre option, mais qui confine au tabou, voir l’ex bordelais laisser sa place au Rennais, dans une équipe maintenue en 4-2-3-1.

Jamais timide au moment de changer d’options et d’hommes, Eric Gerets ne devrait pas hésiter à remodeler son onze pour rencontrer le Gabon, vendredi. Pour que les Lions de l’Atlas jouent enfin au niveau de leurs ambitions.

Thomas Goubin