Football. Lions de l’Atlas : Adel Taarabt doit-il encore être sélectionné ?
Adel Taarabt est incorrigible. Lundi, dans un entretien à RMC, le turbulent attaquant s’en est notamment pris à Eric Gerets, et a avancé qu’il pourrait refuser de porter le maillot des Lions de l’Atlas tant que le coach belge se trouverait à la tête de la sélection. (Photo AFP)
Manifestement, marquer son premier but de la saison lors de la 31e journée donne la légitimité suffisante pour faire part de tous ses états d’âme. Samedi, Adel Taarabt a brillé face à Arsenal, et livré l’un des rares matches aboutis de sa saison, depuis ses débuts en Premier League, l’été dernier. Lundi, dans une interview donnée à RMC, Taarabt a notamment dégommé Eric Gerets, son sélectionneur. Rien de moins…
« J’ai un coach avec lequel je ne m’entends pas très bien, a amorcé le joueur de QPR, je ne lui demande pas d’être mon ami, juste de me faire jouer si je mérite de jouer. » Taarabt déclare ensuite ceci : « Si je rejoue pour le Maroc, c’est juste pour l’amour du maillot et les supporters. Je me pose même la question de savoir si je vais rejouer pour le Maroc tant qu’il y a Gerets. S’il m’appelle, je n’irai peut-être pas. »
Le natif de Fès a visiblement la mémoire courte, ou plutôt sélective. Il se rappelle ainsi avoir marqué un but crucial contre la Tanzanie dans le cadre de la campagne de qualification pour la CAN 2012. Un but qui, selon lui, aurait dû lui valoir une place de titulaire lors du tournoi panafricain…
Tout d’abord, Taarabt ne réalise visiblement pas que si les Lions ont leurs failles, le secteur offensif est sans aucun doute le plus concurrentiel de la sélection, et qu’il est difficile d’y revendiquer un statut d’indiscutable, d’autant plus quand on ne cumule pas plus de quinze capes internationales.
« On lui a trop dit que c’est un génie »
Taarabt oublie surtout qu’il a pu inscrire ce but contre la Tanzanie grâce à l’immense clémence d’Eric Gerets. Car au mois de juin dernier, l’ex Lensois avait commis un acte qui aurait pu lui valoir un long bannissement de la sélection.
A la veille du match entre le Maroc et l’Algérie, Taarabt avait quitté le regroupement des Lions de l’Atlas, après avoir appris qu’il ne serait pas titulaire. Il assurait alors qu’il préférait « ne plus jamais jouer en sélection nationale », avant de se raviser. Se posait alors déjà la question de la possibilité de son rappel en sélection. Gerets tranchera, en lui accordant une nouvelle opportunité.
Taarabt se pense indispensable, mais rien, dans ses états de service, ne justifie une telle prétention. Oui, le natif de Fès a bien inscrit 19 buts la saison dernière en Championship, la D2 anglaise, dont il a été élu meilleur joueur.
Maisen Premier League, au contact du très haut niveau, Taarabt n’a absolument pas eu le même rendement qu’à l’étage inférieur. Il a été titularisé à dix-neuf reprises, et a rarement affolé les observateurs.
Son coéquipier, Joey Barton, bad boy du football anglais, mais souvent juste dans ses analyses avait accouché de ce diagnostic à propos du cas Taarabt : « On lui a trop répété que c’était un génie, mais moi je n’ai rien vu. Je ne sais pas si c’est parce qu’il ne travaille pas assez ou parce qu’il a tendance à bouder quand cela ne va pas, mais ici, c’est le haut niveau, alors il faut être prêt.»
A 22 ans, Taarabt a encore l’âge de rectifier ses comportements d’enfant capricieux. Mais ce n’est pas à lui de décider s’il peut être sélectionné ou non. La décision revient à Eric Gerets. Quoi qu’en pense Taarabt.
Thomas Goubin