Football – Djebbour : le plus grec des Algériens
Intenable avec l’Olympiakos, Rafik Djebbour, 27 ans, constitue le danger numéro un pour l’OM, qui affronte le club grec ce mercredi soir. L’Algérien vit une année faste. Le terme de sa tumultueuse odyssée ?
Tout roule pour Rafik Djebbour. Depuis son arrivée à l’Olympiakos, l’avant-centre algérien est devenu irrésistible. Arrivé au mercato d’hiver en provenance de l’AEK Athènes, Djebbour avait conclu la saison en marquant quatre buts lors des quatre derniers matches.
Sur la lancée de sa fin de saison prolifique, le Franco-algérien vient de faire trembler les filets par sept fois en huit rencontres. Des statistiques de crack. Des statistiques qui n’ont pas dû échapper à Didier Deschamps, l’entraîneur de l’OM, au moment de recevoir le club d’Athènes.
A 27 ans, âge considéré comme celui de la plénitude pour un footballeur, le natif de Grenoble semble avoir trouvé son équilibre.
Des sentiers escarpés
Avant de goûter au miel de la Ligue des champions pour la première fois de sa carrière, et même d’y inscrire un but, face à Dortmund, le 19 octobre, Djebbour a dû arpenter des sentiers escarpés, de la Belgique à la Grèce.
Produit du centre de formation de référence de l’AJ Auxerre, le franco-algérien se languit de se voir offrir une opportunité avec l’équipe première. A 20 ans, il accepte l’offre de la Louvière, club belge qui se trouve alors infiltré par un mafieux chinois, adepte des paris truqués. Dur de plus mal tomber.
Malgré le contexte gangréné, Djebbour inscrit quelques buts, mais préfère partir. Le franco-algérien n’a pas apprécié le manque d’humanité du club quand son frère se trouvait dans le coma. Les dirigeants préférèrent, eux, lui mettre une histoire de vols de maillots sur le dos.
Apparemment amateur de destinations inattendues, Djebbour opte alors pour l’Ethnikos Asteras, club de D2 grecque. En réalité, La Louvière a refusé de le transférer en France, comme Auxerre avait adressé une fin de non-recevoir aux candidats qui avaient précédé le club belge. Dans les deux cas, Djebbour devait bien trouver un lieu pour atterrir.
Plutôt que de ruminer sa rancœur envers ses ex-dirigeants, Djebbour se met à considérer son étape en D2 hellène, comme un tremplin. Meilleur buteur du championnat, il est acheté par l’Atromitos FC, club de Superleague, l’élite grecque.
A l’époque, l’Olympiakos se montre déjà intéressé par celui qui deviendra Fennec en août 2006. A force de faire trembler les filets de la péninsule grecque, Djebbour attire les regards des dirigeants algériens, et étrenne sa première sélection face au Gabon.
Il ne confirme pas en sélection
Doucement mais sûrement, Djebbour poursuit sa progression hellène. Il s’engage avec l’ambitieux Panionos en 2007, où il inscrit dix huit buts en une saison et demi, puis fait le grand saut chez l’un des géants de la cité de l’Olympe : l’AEK Athènes.
Là encore, le destin de Rafik va buter sur des rochers escarpés. Au moment où la barque de l’Algérien semble naviguer en eaux calmes, un conflit avec ses dirigeants l’entraîne dans une situation rocambolesque.
En octobre, des divergences avec son entraîneur, Dusan Bajevic, l’envoient s’entraîner avec… le Celtic Glasgow. Finalement, Djebbour rempilera avec l’AEK, mais ses mois passés à l’écart de l’équipe le priveront de la CAN 2010, Rabah Saâdane ne convoquant pas des joueurs qui ne jouent pas dans leurs clubs. Un épisode qui symbolise le rendez-vous manqué entre les Fennecs et Djebbour.
Avec les Vert et Blanc, le plus grec des Algériens n’a inscrit que quatre buts. Depuis le début du mandat de Vahid Halilhodzic, il n’a pas disputé une seule rencontre, toujours blessé au moment des engagements internationaux des Fennecs.
Au vu de sa forme actuelle, il semble pourtant offrir une solution évidente à une sélection qui se cherche un avant-centre.
Dimanche dernier, il a inscrit le seul but de son équipe lors du sommet du championnat face au Panathinaïkos. Djebbour s’est distingué, au point d’être élu homme du match.
Au coup de sifflet final, l’Algérien a pourtant refusé de recevoir le trophée qui l’honorait, excédé par le match nul concédé par les siens. Et si finalement Rafik Djebbour aimait les zones de turbulence ?
Thomas Goubin