Football. Champagne pour Ghilas !

 Football. Champagne pour Ghilas !

A force de faire trembler les filets avec récurrence


Avec Reims, Kamel Ghilas plane en tête du classement des buteurs de Ligue 2. A 27 ans, l’international algérien semble avoir mangé son quota de pain noir, et se rapproche à nouveau de l’élite.




 


On appelle cela un buteur en confiance. Qu’importe le pied, la distance, le moment de la rencontre, Kamel Ghilas frappe avec conviction et justesse. Et l’Algérien empile les buts. Onze depuis le début de saison.


A force de faire trembler les filets avec récurrence, Ghilas s’est installé en tête du classement des buteurs de Ligue 2 il y a dix jours. Un statut conforté vendredi, quand l’avant-centre a ouvert le score sur le terrain de Châteauroux. Tous ses buts ont été inscrits sur des actions de jeu. Ce qui donne d’autant plus de valeur à son tableau de chasse.


A 27 ans, Kamel Ghilas peut savourer. Son arrivée à Reims à l’été 2011 l’a conduit à sortir d’une impasse dans laquelle il était engagé depuis la fin 2009. Le natif de Marseille, aux origines kabyles, se pense alors fermement engagé sur la voie du succès.


Il fait partie du groupe algérien qui a triomphé de l’Egypte au terme de trois batailles épiques, pour signer le retour des Vert et Blanc en Coupe du Monde. Et à l’inter-saison, il s’est engagé avec Hull City. Le club est modeste, mais Ghilas joue désormais en Premier League, le meilleur championnat du monde.


Consécration d’une carrière menée en crescendo : début dans l’anonymat du National, avec Cannes (2003-2006), puis poursuite de sa progression au Vitoria Guimaraes, en deuxième division portugaise, avant de monter à l’étage supérieur la saison suivant son arrivée. C’est finalement en inscrivant seize buts en vingt-neuf matches avec le Celta Vigo, qu’il se fait repérer par les recruteurs de Hull City.


 


Un drapeau amazigh l’aurait écarté de la sélection


En Angleterre, Ghilas se voit donner sa chance. Il enchaîne les titularisations. Les batailles livrées par l’Algérie face à l’Egypte ne font cependant pas seulement des victimes du côté des Pharaons.


Quand Ghilas regagne son club, il se trouve cantonné au banc des remplaçants. L’Algérien demande des explications à son coach, qui lui réplique de simplement continuer à travailler. Ghilas ne retrouvera jamais un statut de titulaire. Son compteur but calera à une unité avec Hull.


Pire, il est également snobé par Rabah Saâdane. Le sélectionneur algérien ne le retient pas pour la CAN, ni pour la Coupe du Monde. Solution de rechange, plutôt que titulaire, Ghilas a cependant participé activement à la campagne de qualification des Vert et Blanc.


Ghilas cherche à comprendre la raison de sa mise à l’écart, et commence à croire qu’elle est extra-sportive. Au soir de la qualification de l’Algérie pour la Coupe du Monde, Ghilas avait brandi au sein du vestiaire un drapeau amazigh.


Loin d’être une revendication politique. Un simple hommage aux origines kabyles de ses parents. « Si c’est réellement à cause de cela qu’on m’a écarté, c’est complètement idiot, s’exclame-t-il alors, je l’ai toujours clamé et affirmé : je suis Algérien avant tout ! ».


Son statut de remplaçant à Hull City ne contribue pas, non plus, à attirer de nouveau l’attention de Saâdane. Ghilas se fait finalement prêter au terme de la saison à Arles-Avignon. Un choix théoriquement sensé, mais calamiteux au final, car le promu va réaliser l’une des pires performances de l’histoire de la Ligue 1. Ghilas pensait rebondir, il s’enfonce.


 


La grande histoire rémoise


Reste qu’à quelque chose malheur est bon. L’Algérien se fait repérer par Reims, et s’il rétrograde en Ligue 2, il atterrit dans un club sain et ambitieux. Attaquant habile dans son utilisation du ballon -il peut d’ailleurs évoluer comme milieu offensif- Ghilas forme un duo détonnant avec Cédric Fauré. L’ex toulousain totalise, lui, huit buts.


Surtout, le Franco-algérien se trouve engagé dans une formidable aventure : Reims est actuellement deuxième de Ligue 2, et cette saison pourrait voir le mythique club français, double finaliste de la Coupe des champions face au Real Madrid (1956, 1959), retrouver l’élite, après plus de trente ans à végéter dans les divisions inférieures.


Au pire, s’il ne connaît pas la montée avec le club champenois, il est certain que Ghilas se trouve déjà sur les tablettes des clubs de première division. Pour le moment, il peut déjà se satisfaire d’avoir retrouvé les rangs de la sélection algérienne. Vahid Halilhodzic l’a rappelé pour disputer le dernier match des éliminatoires pour la CAN 2012, face à la Centrafrique, en octobre dernier. Et Ghilas faisait partie des réservistes pour affronter la Gambie, mercredi dernier. Un homme en confiance inspire confiance.


Thomas Goubin