Football. CAN : Les Aigles vont-ils reprendre leur vol ?
Vainqueur en 2004, la Tunisie débarque à la CAN sur la pointe des pieds. Sa qualification de dernière minute et son expression collective laborieuse engendrent un certain scepticisme. Quoiqu’il en soit, les hommes de Sami Trabelsi ont quelques atouts à faire valoir.
La Tunisie revient de loin. De très loin. Tout d’abord d’un double revers face au médiocre Botswana, à l’entame de sa campagne éliminatoire. Le sélectionneur, Bertrand Marchand, avait payé les pots cassés, licencié six mois seulement après le début de son mandat. Son successeur, Sami Trabelsi parviendra à remettre les Aigles sur le chemin de la Coupe d’Afrique.
Malgré tout, Chikhaoui et consorts doivent davantage leur qualification au Tchad qu’à eux-mêmes. En balance avec le Malawi lors de la dernière journée des éliminatoires, la Tunisie préservait ses chances en dominant le Togo, mais se trouvait éliminée au bout du temps réglementaire.
Dans les arrêts de jeu, une nouvelle salutaire provenait de N’Djamena : Ezechiel, employé du Club Africain, offrait le match nul (2-2) aux siens, face au Malawi. Deuxième de sa poule, la Tunisie obtenait sa qualification, mais restait devancée par le Botswana. Pas glorieux.
Cette qualification quasi miraculeuse ne doit cependant pas masquer le redressement opéré depuis la prise en main des Aigles par Sami Trabelsi. Vainqueur de la CHAN en janvier avec la Tunisie, l’ex défenseur central a décidé de ne plus faire des « Européens » des vaches sacrées, et de donner une plus large place aux joueurs évoluant dans le championnat local. Ainsi, le Bordelais, Fahid Ben Khalfallah et le Sochalien, Yassine Mikari, n’ont pas été retenus parmi les vingt-trois mobilisés pour la CAN.
La politique de Trabelsi a été validée par les résultats : deux victoires et un nul en matches officiels. La victoire de l’Espérance Tunis en Ligue des champions est également venue apporter de l’eau à son moulin, confirmant la qualité des joueurs évoluant dans les meilleurs clubs du pays.
Une attaque dénuée de leader
Malgré cette dernière ligne droite presque parfaite, il règne une ambiance de scepticisme autour des Aigles. Le jeu déployé, rarement enthousiasmant, vient au premier rang des réserves posées au moment de conjecturer sur les chances de la Tunisie lors du tournoi panafricain.
Trabelsi manquerait d’audace au moment d’armer ses onze, à moins qu’il ne fasse que de s’adapter à un certain déficit de talent de son effectif. Avec sept réalisations, Issam Jemaa a bien terminé meilleur buteur des éliminatoires, mais sa forme actuelle inquiète. L’ex lensois se remet tout juste d’une blessure musculaire, et n’a inscrit que deux buts avec Auxerre depuis le début de saison.
Clairement, les noms qui composent le bataillon offensif tunisien n’ont pas le ronflant de leurs homologues ghanéens, ivoiriens, ou marocains. Yassine Chikhaoui et Amine Chermiti ne sont pas (encore) les grands annoncés. Quant à Omar Darragi, tout juste élu meilleur joueur évoluant en Afrique, ou Zouhair Dhaouadi, ils doivent encore confirmer que leur talent peut s’exprimer dans un contexte européen. Reste qu’à leur meilleur niveau, ces joueurs pourraient perturber les défenses les plus vigilantes.
Meilleur classement FIFA
L’histoire l’atteste, la Tunisie a rarement été admirée pour sa qualité de jeu. Sa force traditionnelle se situe sur ses bases arrières. Encore aujourd’hui, aucune équipe africaine ne se réjouit d’affronter la Tunisie, un adversaire amateur de parties d’échecs où les nerfs sont mis à rude épreuve.
Hagui et consorts débuteront leur CAN lundi face au Maroc. Ils tenteront de déjouer les pronostics favorables aux chérifiens et de rappeler qu’ils devancent toujours leur adversaire du lundi au classement FIFA, ainsi que les autres pensionnaires du groupe C.
La Tunisie pointe au 59e rang, le Maroc à la 61e, et loin derrière, se trouve le Gabon (91e), et le Niger (98e). Un classement notamment dû à la présence ininterrompue de la Tunisie en CAN depuis 1994, et à sa victoire lors de la CHAN, il y a tout juste un an. Des éléments qui obligent à inclure les Aigles dans la liste des prétendants au titre, malgré toutes les réserves qui les escortent.
Thomas Goubin