Football. CAN : Les absents vont leur faire du tort
Tous les deux ans, c’est la même rengaine. Les clubs français déplorent l’absence de leurs africains partis à la CAN. Une perte momentanée qui concerne désormais aussi certains grands clubs européens. Alors que les internationaux africains s’apprêtent à rejoindre les stages de préparation de leur sélection à partir du 8 janvier, le point sur les clubs qui risquent de payer cher la tenue de la CAN.
Didier Deschamps en fait des cauchemars. Qu’adviendra-t-il du regain de l’OM une fois les frères Ayew partis à la CAN ? Pour les Phocéens, et surtout pour le rendement de leur secteur offensif, le talent de Jordan et André est vital.
Une importance tellement criante que l’entraîneur de l’OM souhaite recruter au moins un élément offensif pour pallier des absences qui pourraient s’étendre jusqu’à cinq semaines. Le Ghana, l’un des grands favoris de la CAN, pourrait atteindre la finale, programmée le 12 février.
Pour limiter la casse, l’OM vient d’ailleurs de solliciter la fédération ghanéenne afin de différer le départ des fils d’Abedi Pelé jusqu’au 15 janvier. Ce jour-là, l’OM recevra Lille.
Outre les frères Ayew, Deschamps devra aussi apprendre à faire sans un autre pilier de son onze : le Sénégalais, Souleymane Diawara. Le Burkinabé, Charles Kaboré, fera également défaut. Dans son malheur, Deschamps peut toutefois s’estimer heureux car il conservera Stéphane M’Bia, le Cameroun ayant failli lors de sa campagne de qualification.
Des candidats déclarés au titre, l’OM se trouve clairement être le plus pénalisé par la tenue de la Coupe d’Afrique des nations. Le champion en titre, Lille, sera ainsi diminué, mais dans des dimensions bien plus raisonnables.
Le LOSC perdra ses Sénégalais : Moussa Sow, son buteur, et Idrissa Gueye, son jeune milieu de terrain. L’absence de Sow aurait davantage pesé la saison dernière, quand l’ex-rennais survolait le classement des buteurs de Ligue 1.
Montpellier, la vie sans Belhanda
Pour le PSG, aucun souci. Son Malien, Momo Sissoko, a décidé de mettre sa carrière internationale entre parenthèses l’été dernier afin de se concentrer uniquement sur son club. Quant à l’Ivoirien Siaka Tiéné, une place sur le banc pourrait bien l’attendre à son retour de la CAN.
Les responsables parisiens cherchent depuis plusieurs semaines à recruter un latéral gauche pour concurrencer Tiené, considéré comme l’un des maillons faibles du PSG.
Tout aussi immunisé contre les dommages collatéraux de la Coupe d’Afrique, Lyon déplorera simplement l’absence d’un titulaire, son défenseur burkinabé, Bakary Koné.
Chez les outsiders, en revanche, deux clubs peuvent craindre le pire : Montpellier et le Stade Rennais. Les Héraultais vont ainsi perdre deux titulaires indiscutables : le Sénégalais, Souleymane Camara, et surtout, le Marocain, Younès Belhanda, élu meilleur joueur de Ligue 1 en novembre, et à nouveau distingué comme l’élément le plus brillant de son club en décembre. Sans son créateur de jeu, Montpellier va devoir trouver une parade.
Quant à Rennes, le club breton va devoir improviser sans son meilleur élément offensif, le Burkinabé, Pitroipa, et sans son capitaine de défense, le Sénégalais, Kader Mangane. Pour saler l’addition, Frédéric Antonetti verra aussi Youssouf Hadji, le joker offensif du club, rejoindre les rangs des Lions de l’Atlas.
En Europe, City et l’Udinese pourraient souffrir
Qui a vu Manchester City dominer Liverpool mardi soir n’a pu que constater l’importance vitale de Yaya Touré dans la production du leader de la Premier League. Sans son milieu à tout faire (ratisser, organiser, marquer), Roberto Mancini, qui sera également privé du frère de Yaya, Kolo, va se trouver devant une équation difficile à résoudre.
La thèse d’une CAN décisive dans l’attribution du titre de Premier League peut alors être avancée. Car dans le même temps, son rival le plus sérieux dans la lutte pour le titre, Manchester United, ne sera, lui, privé d’aucun élément de poids pendant le tournoi africain.
Ce n’est pas le cas de Chelsea, qui devra faire sans son buteur et leader, Didier Drogba. Pendant la CAN, les supporters des Blues se lamenteront avec davantage d’intensité du fiasco Fernando Torres, justement recruté pour succéder à Drogba.
En Italie, la CAN n’entaillera que peu d’effectifs. Le club le plus touché devrait être l’Udinese qui devra apprendre à défendre sans Mehdi Benatia, le leader de ses bases arrières.
Au milieu, le club du Frioul tirera aussi un trait provisoire sur l’activité de ses Ghanéens, Kwadwo Asamoah et Emmanuel Agyemang Badu. Pour un club qui ne dispose pas de la profondeur de banc de ses principaux concurrents, cela risque de peser lourd.
Pour les autres candidats au titre, pas d’absence cruciale. Le Milan AC pouvait craindre le départ de son moteur ghanéen, Kevin-Prince Boateng, mais le joueur a décidé d’ignorer sa sélection.
Enfin, en Espagne, les deux géants ne seront pas touchés par le tournoi co-organisé par le Gabon et la Guinée Equatoriale du 21 janvier au 12 février. Le Barça perdra bien Seydou Keita, un joueur apprécié de Pep Guardiola, mais le coach catalan dispose de moult solutions de rechange.
Quant au Real, aucun sélectionné pour la CAN ne peuple son effectif. Gouverner, c’est prévoir. Mourinho semble mieux le savoir que d’autres.
Thomas Goubin