Football. CAN : Le Maroc cruellement mais justement éliminé

 Football. CAN : Le Maroc cruellement mais justement éliminé

Le Maroc

Auteur d’une remarquable première période, le Maroc a fini par céder devant l’enthousiasme gabonais (3-2). Immense camouflet pour des Lions de l’Atlas considérés parmi les favoris de la CAN.

 

Suite à la défaite face à la Tunisie, Eric Gerets était sorti de ses gonds quand des journalistes avaient remis en cause la titularisation de Marouane Chamakh. Vendredi, surprise, le Lion de Rekem brise un tabou, en se privant du joueur d’Arsenal, pour lui préférer Youssef Hadji à la pointe de son 4-2-3-1.

Plus généralement, le coach belge, plutôt que de s’entêter, est revenu de ses innovations tentées face à la Tunisie. Adil Hermach reprend ainsi sa place à la récupération, ce qui permet notamment à Belhanda d’occuper un rôle de numéro 10 qui lui sied mieux.

Aux avant-postes, les inexpérimentés Amrabat et Assaidi sont remplacés par El Arabi et Carcela. Des choix gagnants. Dans un premier temps…

Ensemble athlétique et discipliné, le Gabon ne se laisse que rarement déborder par les chérifiens, mais le Maroc fait bonne impression. Les Lions forment un bloc qui attaque et défend ensemble, un collectif consistant, doté d’individualités capables de faire la différence à un moment ou à un autre.

L’action décisive se déroule à la 25e minute : Belhanda perce dans l’axe et sert Houcine Kharja, qui, en position d’avant-centre, temporise en homme d’expérience, avant de croiser parfaitement sa frappe.

Capitaine et déjà buteur face à la Tunisie, Kharja apporte une lucidité qui fait parfois défaut à ses coéquipiers. Gerets lui a justement renouvelé sa confiance. Le sélectionneur a également reconduit la ligne défensive, beaucoup moins perméable, quand elle est soutenue par le reste de l’équipe.

Dans une rencontre entre deux collectifs appliqués et agressifs, le match se révèle tendu, et les occasions rares. La première réelle opportunité pour le pays hôte, soutenu par un stade comble, se présente à la 49e minute.

Pierre-Emerick Aubameyang, le meilleur gabonais, se détache alors dans le couloir droit, avant de centrer pour Cousin, dont la frappe réchauffait les gants de Lamyaghri. Entré en début de deuxième période à la place de N’Guema, Daniel Cousin apporte un impact physique supplémentaire à l’attaque des Panthères.

 

La passivité fatale des Lions

Emoussés ou simplement trop attentistes face à des Gabonais parfaitement affûtées physiquement, marque de fabrique des équipes de Gernot Rohr, le Maroc cède du terrain au fur et à mesure que les minutes défilent. Une attitude périlleuse.

Le Gabon se rapproche des buts chérifiens et lance un sérieux avertissement à la 75e minute, quand le latéral droit, Mouelé, place une frappe repoussée par un Lamyaghri impeccable.

Gerets tente de réveiller ses joueurs en faisant rentrer Taarabt (67e) à la place de Carcela, encore juste physiquement suite à sa longue convalescence. Puis, Alioui supplée Basser. Mais aucune réaction n’est enregistrée.

A force de jouer avec le feu, les Lions finissent par se brûler la crinière. Sur une touche, une tête malheureuse d’un Marocain profite à Aubameyang, qui envoie une puissante demi-volée au fond des filets. On joue la 77e minute, et le stade de Libreville explose.

L’euphorie monte encore d’un cran deux minutes plus tard quand Daniel Cousin, dos au but, pivote, avant de croiser une frappe qui rentre avec l’aide du poteau. Le Maroc est K.O debout.

Les Lions tentent bien de réagir, mais paraissent incapables d’agencer un mouvement cohérent. A la 90e minute, le Maroc retrouve toutefois un semblant de lucidité, et l’offensive aboutit sur un pénalty, la frappe de Belhanda butant sur le bras d’un défenseur gabonais.

En bon capitaine, Houcine Kharja prend ses responsabilités, et inscrit son troisième but dans la compétition. Le Maroc croit s’être accordé un sursis dans la compétition. Mais au bout du temps additionnel, une faute de Benatia offre un coup-franc aux Panthères aux abords de la surface. Magistralement exécuté par Mbanangoye, il termine au fond des filets de Lamyaghri.

Le Maroc, pour n’avoir évolué que quarante-cinq minutes à haut niveau en deux matches, est cruellement, mais justement éliminé. Le Gabon est qualifié. Comme la Tunisie.

Thomas Goubin