Football. CAN : Ghana et Côte d’Ivoire sont-ils imprenables ?
On connaîtra ce mercredi soir les finalistes de la CAN. A 17h, la Zambie affronte le Ghana, et à 20h, Côte d’Ivoire et Mali en découdront. Chipolopolos et Aigles n’ont pas les faveurs des pronostics, mais ils disposent d’arguments pour contrarier les deux géants du continent.
Ils sont déterminés. Déterminés à rappeler qu’un match n’est jamais gagné avant le coup d’envoi. S’ils reconnaissent volontiers le statut de favoris qui accompagne Ghana et Côte d’Ivoire depuis le début de la CAN, la Zambie et le Mali sont bien décidés à vendre chèrement leur peau.
« L’objectif que nous nous étions fixés en quittant Lusaka était d’atteindre les demi-finales, ce qu’aucune équipe zambienne n’avait réussi depuis 1996. Mais vous imaginez bien que lorsqu’on se retrouve à ce niveau, il est bien normal de penser au match qui suit », a ainsi assuré Hervé Renard, le sélectionneur des Chipolopolos.
Son compatriote Alain Giresse, à la tête des Aigles du Mali depuis bientôt deux ans, a tenu un discours dans la même tonalité : « On est déjà dans le dernier carré et, face à la Côte d’Ivoire, on n’a plus rien à perdre et tout à gagner. »
Au-delà de leurs intentions rebelles, Zambie et Mali présentent des arguments de poids qui accréditent l’idée d’un exploit. Invaincus, les Chipolopolos ont ainsi terminé premiers de leur poule, avant d’expédier le Soudan en quart de finale (3-0). Un parcours limpide.
Dénué de stars, le onze zambien déploie, malgré tout, le jeu collectif le plus harmonieux de la compétition. «Je crois que beaucoup de gens ne connaissent pas mon équipe, estime Hervé Renard. N’oubliez pas que nous n’avons pas manqué une phase finale depuis 2004. Certains participent à cette compétition pour la quatrième fois et ils ont beaucoup appris au fil des matches.»
Si certains ignorent encore les qualités de Katongo et consorts, l’ex entraîneur de l’USMA connaît, lui, en profondeur son adversaire. Et pour cause. En 2008, il appartenait au staff des Blackstars, en tant qu’adjoint de Claude le Roy. Un vécu commun qu’il pourrait mettre à profit, pour appuyer sur les rares faiblesses ghanéennes.
Les survivants maliens
Loin de l’aisance zambienne, le Mali a, lui, souffert pour se glisser au sein du dernier carré. Deuxièmes de leur poule, Seydou Keita et consorts doivent à une étroite victoire face au Botswana (2-1) leur qualification pour les quarts de finale. Puis, il fallut une séance de pénaltys aux Aigles pour éliminer le Gabon.
Privé pour divers motifs de Frédéric Kanouté, Momo Sissoko, et Mahamadou Diarra, le Mali compense les limites de son effectif par un mental d’acier. A défaut de flamber, les hommes d’Alain Giresse forment un ensemble solidaire, qui n’a plus rien à perdre, comme tout bon survivant. De quoi se sentir capable de renverser les obstacles même les plus grands. La tâche s’annonce justement particulièrement rude face une Côte d’Ivoire qui n’a pas encore encaissé un seul but.
A considérer son parcours sans faute, et devant la qualité individuelle des Drogba, Touré, et autres Zokora, la Côte d’Ivoire apparaît désormais comme le candidat numéro un à la victoire finale.
Si leurs statistiques éblouissent davantage que leur expression collective, les Eléphants disposent cette fois d’une vertu qui faisait défaut à un groupe aussi talentueux que miné par les luttes d’égo lors des précédentes CAN. «La Côte d’Ivoire 2012 n’est peut-être pas la plus forte, mais je dirais que c’est la plus soudée, éclaire Didier Zokora. En 2008, nous avions une équipe très forte, mais nous avions échoué.»
Mercredi soir, les Ivoiriens pourraient toutefois être privés de leur gardien titulaire, Barry Copa, blessé, mais décidé, malgré tout, à tenir sa place. Reste qu’avec ou sans Copa, les Eléphants paraissent suffisamment armés pour enfin ramener la coupe au pays, exactement vingt ans après leur dernier sacre. Au terme d’une finale face au Ghana ?
Le Ghana affaibli
Moins souverains que les Ivoiriens, les Blackstars ont généré des doutes tout au long de la compétition. Malmené par la Guinée en phase de poule (1-1), qualifié pour les demies grâce à une grossière erreur individuelle du gardien tunisien, le Ghana se trouve à plusieurs longueurs du niveau affiché lors de la Coupe du Monde 2010.
La faute aux absences conjuguées de Kevin-Prince Boateng et Michael Essien, sans doute. La faute aussi, à l’état de santé précaire de Gyan. L’ex attaquant du Stade Rennais joue blessé depuis le début de la compétition.
Pour ne rien arranger, le milieu de terrain de l’Udinese, Emmanuel Agyemang-Badu, est annoncé incertain. De quoi affaiblir l’entre-jeu ghanéen, le point fort du quart de finaliste de la Coupe du Monde. De quoi donner des espoirs légitimes à la Zambie. Pour les Chipolopolos comme pour les Aigles du Mali, il n’est, de toute façon, pas interdit de rêver.
Thomas Goubin