Football. Ben Arfa frappe à la porte des Bleus
Lundi soir, lors de la victoire de Newcastle face à Bolton (2-0), Hatem Ben Arfa a signé une nouvelle merveille. Un but qui va encore faire grandir le camp des militants pour son retour en équipe de France. (Photo AFP)
Un nouveau brillant plaidoyer pour sa propre cause. Pour ne pas vivre l’Euro depuis son canapé. Lundi soir, face à Bolton, Hatem Ben Arfa a effectué un fulgurant raid de 50 mètres, qui tourne déjà en boucle sur les écrans du monde entier. Dans un match fermé, l’ex lyonnais a ouvert les portes de la défense adverse muni de la clé de son génie.
Parti de son propre camp, plein axe, le Français d’origine tunisienne a transformé les défenseurs de Bolton en plots d’entraînements, avant de placer un petit extérieur du gauche pour faire frémir les filets et faire exulter Saint James Park.
Depuis ses débuts, les fulgurances de Ben Arfa ont été épisodiques. Au sublime succédait invariablement un ressac, dont l’écume charriait un indigeste cocktail fait de nonchalance, d’arrogance, et d’immaturité.
Ben Arfa a-t-il vraiment changé ? La grave blessure dont il a été victime début octobre 2010, semble, en tout cas, avoir constitué un déclic pour l’ex marseillais. Ecarté des compétitions pendant près d’un an, l’ex grand espoir du football français, que certains pensaient perdu à jamais, est enfin devenu un joueur capable d’allier soumission à la discipline de groupe, et nécessaires élans individuels. Dans la bouche d’Alan Pardew, son entraîneur, cela donne ceci : « Je crois qu’il a trouvé aujourd’hui le bon équilibre entre travail pour le collectif et apport de son flair à notre jeu. »
Avec lui, Newcastle gagne
Ben Arfa pouvait pourtant craindre le pire quand Papiss Cissé a débarqué fin janvier à Newcastle. Car, dans la volonté de Pardew de faire cohabiter aux avant-postes, Cissé et son compatriote, Demba Ba, un élément offensif semblait condamner à être sacrifié.
De début février à début mars, Ben Arfa a d’ailleurs très peu joué. Une participation discrète qui a coïncidé avec une mauvaise passe des Magpies. En revanche, l’ex lyonnais a été titularisé lors des cinq dernières rencontres de Premier League, toutes remportées par Newcastle, aujourd’hui aux portes de la Ligue des champions.
Là, se trouve sans doute la donnée qui pourrait décider Laurent Blanc à rappeler un joueur qu’il ignore depuis août 2010 : Newcastle joue mieux quand Ben Arfa se trouve sur la pelouse. Depuis le début de sa carrière, la capacité du joueur à réaliser une action étincelante n’a jamais été mise en doute, mais l’intérêt de son apport à un collectif a toujours prêté à débat.
Cette saison, en 25 matches, HBA a inscrit six buts et délivré autant de passes décisives. Un rendement qui ne peut qu’attirer l’attention de Laurent Blanc, plus encore que son but face à Bolton, ou celui, encore plus brillant, inscrit face à Blackburn, début janvier.
En Angleterre, adversaire de la France lors de l’Euro, voir Ben Arfa à l’écart de la sélection serait considéré comme relevant de l’incompréhensible. Alan Pardew le confirme : « Si j’étais le sélectionneur de la France, je le prendrais pour l’Euro, car il y a peu de joueurs qui peuvent faire ce qu’il fait. »
Alex Ferguson devait cependant dire la même chose d’Eric Cantona, quand Aimé Jacquet avait décidé de se passer de son talent hors norme pour privilégier la cohésion du groupe.
Thomas Goubin