Football. Ballon d’Or : Un Messi historique

Et un, et deux, et trois Ballons d’or ! Comme en 2009 et 2010, Lionel Messi remporte la suprême récompense individuelle. L’Argentin est un lauréat indiscutable qui côtoie désormais les plus grands de l’histoire de son sport.

Messi appartient à une élite qui traverse les époques. Avant la puce argentine, seuls Platini, Cruyff et Van Basten avaient remporté trois Ballons d’Or. Avec Platini (1983, 1984, 1985), l’attaquant du FC Barcelone est le seul à avoir enchaîné ses trois sacres.

Ce Ballon d’Or FIFA France Football vient couronner une année surperlative, lors de laquelle Messi a inscrit 49 buts et délivré 37 passes décisives en 70 matches. Des chiffres qui rendent objectifs un trophée livré à l’appréciation des sélectionneurs nationaux, de leurs capitaines, et des journalistes de France Football.

L’an dernier, le sacre de Messi avait été vigoureusement discuté. Beaucoup considéraient que Xavi ou Iniesta, sacrés champions du monde avec l’Espagne, tandis que l’Argentine de Messi s’était fait piteusement éliminée en quarts de finale, méritaient d’ajouter leur nom au palmarès de la prestigieuse récompense individuelle.

D’autres estimaient que Wesley Sneijder, vainqueur de la Ligue des champions avec l’Inter et finaliste de la Coupe du Monde avec les Pays-Bas, aurait aussi pu faire un beau vainqueur. Cette année, Messi devance Cristiano Ronaldo et Xavi, une redite du podium de 2009, et cette fois, personne pour n’émettre la moindre objection.

Un bémol avec l’Albiceleste

« Messi sera le joueur à gagner le plus grand nombre de Ballons d’Or dans l’histoire, a estimé Johan Cruyff. Peut-être, cinq ou six, voire même sept. Il est incomparable. Il joue un autre Championnat. »

A 24 ans, l’Argentin bat des records de précocité, Platini avait ainsi reçu son troisième trophée à l’aube de la trentaine. Ces trois sacres consécutifs et ceux qui pourraient venir font-ils pour autant de Messi l’un des meilleurs joueurs de tous les temps ? Sans doute, mais il faut nuancer l’importance d’un Ballon d’Or dans ce jugement. De fait, jusqu’en 1994, la récompense fut strictement réservée à des joueurs européens. Ainsi, Pelé et Maradona n’ont jamais reçu le précieux trophée.

Aussi, Messi n’a pas encore triomphé dans la reine des compétitions, celle qui transforme les géants de leur sport en Dieux vivants. Autrement dit, la Coupe du Monde.

Si le Barcelonais ne peut être désigné comme le responsable des échecs à répétition de l’Albiceleste, la puce atomique ne semble pas encore posséder les qualités de leadership suffisantes pour porter une équipe sur ses épaules, à l’inverse d’un Maradona.

Cela fut encore évident cet été, lors de la Copa America, pourtant jouée à domicile, et achevée dès les quarts de finale. Messi a sans doute été le meilleur joueur de sa sélection, mais n’a pas su faire de son ascendant technique un vecteur pour se transformer en chef de meute.

Le soliste vedette du meilleur des orchestres

A Barcelone, on attend de Messi qu’il excelle dans le dernier et l’avant-dernier geste. Ce dont il s’acquitte plus que brillamment. Mais s’il fallait désigner le patron de l’équipe, on se tournerait plutôt vers Xavi, la plaque tournante du jeu blaugrana.

Messi n’en reste pas moins le meilleur de son temps : par sa capacité à dribbler à très grande vitesse dans les espaces les plus réduits, mais aussi grâce une qualité de passe de plus en plus exquise.

Messi est le meilleur d’un ensemble, le FC Barcelone, qui domine son époque comme sans doute aucun orchestre à crampons avant lui. Pas un hasard si l’on compte dans l’équipe-type de l’année désignée lundi soir par la FIFA, cinq serviteurs de la cause blaugrana (Alves, Pique, Xavi, Iniesta, et Messi).

Le FC Barcelone est-il la meilleure équipe de l’histoire ? Sans doute. Messi, le plus grand joueur de l’histoire ? Attendons encore, car à 24 ans, la Pulga a sans doute ses plus belles saisons devant lui. Ça promet…

Thomas Goubin