Football. Antoine Kombouaré : un licenciement qui choque
Le PSG semble décidément accroc au tumulte. Alors que les Parisiens ont été sacrés champions d’automne mercredi pour la première fois depuis la saison 1996-1997, leur entraîneur, Antoine Kombouaré, a été licencié jeudi. Une décision qui choque.
Peut-on virer l’entraîneur d’une équipe leader de son championnat ? Savoir qu’il s’agit d’une décision inédite dans l’histoire de la Ligue 1 apporte une forme de réponse. Les réactions, indignées pour la plupart, en apportent une autre. Depuis l’arrivée de QSI (Qatar Sports Investement) à la tête du PSG, Antoine Kombouaré savait ses jours comptés, mais le moment choisi par la direction du club confine à l’absurde.
Pour mondialiser le club parisien, sa nouvelle et prospère direction souhaitait un entraîneur de renom, capable d’attirer d’autres Javier Pastore. Elle n’avait toutefois pas osé licencier Antoine Kombouaré dès sa prise en main du club.
Il s’agissait de maintenir un certain équilibre, de ne pas tout bouleverser du jour au lendemain, mais aussi de s’acheter la paix sociale, les tribunes du Parc appréciant particulièrement l’entraîneur, mais aussi l’ex joueur lié à la légende du club depuis son coup de tête victorieux face au Real Madrid en quart de finale de la Coupe UEFA 1993.
Quand le PSG avait traversé une passe difficile en novembre, Leonardo, son directeur sportif, avait confirmé Antoine Kombouaré dans ses fonctions. Aujourd’hui, alors que l’horizon s’est éclairci, l’entraîneur kanak est licencié.
L’information donnée par l’AFP n’a pas encore été confirmée par la direction du club, mais le fait que le PSG n’apporte aucun démenti indique que l’ère Kombouaré débutée à l’été 2010 a pris fin. Carlo Ancelotti, l’ex entraîneur du Milan AC, avec qui il a remporté deux Ligue des champions, devrait lui succéder.
Beckham a-t-il chassé Kombouaré ?
Entraîneurs, joueurs, dirigeants de Ligue 1, tous condamnent en bloc la décision de la direction du club de la capitale. L’UNECATEF, le syndicat des entraîneurs, s’est montré parmi les plus virulents : « Tous les entraîneurs, tous les techniciens, tous les éducateurs français ne peuvent que s’indigner du sort réservé à l’un des leurs, mis sous pression depuis plusieurs mois par la nouvelle direction du club et qui avait néanmoins réussi par son travail et des qualités appréciées de son groupe à faire du PSG le champion d’automne du Championnat. Que lui reproche-t-on ? De n’être pas assez glamour, pas assez people, pas assez performant ? »
Interrogé par le site du magazine So Foot, le milieu de terrain de l’AJ Auxerre, et ex du PSG, Edouard Cissé, s’est, lui, montré incrédule : « Je ne comprends pas trop la politique de Leonardo et du PSG là-dessus. L’équipe est championne d’automne pour la première fois depuis des lustres alors même qu’Antoine Kombouaré savait que sa tête est mise à prix lors de chaque journée. C’est dommage. Je ne sais pas si ça a un rapport avec l’arrivée de David Beckham ou si cette décision est actée depuis le début de l’année, mais ça aurait été plus malin d’attendre la fin de la saison. »
Dans sa volonté d’accélérer sa dynamique d’internationalisation, la direction du PSG, en prenant cette décision brutale, a pris le risque de se mettre à dos le public parisien. Elle met aussi une immense pression sur le successeur d’Antoine Kombouaré, qui devrait entendre ses oreilles siffler au moindre faux pas.
La très probable arrivée de David Beckham début janvier sur un tapis rouge de l’avenue des Champs-Elysées, fera briller le nom du PSG dans le monde entier. Mais l’écran de fumée, aussi glamour soit-il, se dissipera rapidement si les résultats ne suivent pas. Si le successeur d’Antoine Kombouaré ne fait pas au moins aussi bien que lui.