Essaouira : un grand festival pour une petite cité

Le festival d’Essaouira entame ce jeudi soir sa 14e édition. Au programme, peu de stars mondiales, mais plutôt des rencontres musicales intimistes.

Pendant 4 jours, la « cité des alizés » va être balayée par une brise musicale venue d’Afrique, du Maroc mais aussi de continents plus lointains tels que l’Asie ou l’Amérique. Tout le contraire d’un « festival supermarché » monté grâce à une pluie de dirhams, mais plutôt un rendez-vous intimiste entre maâlems gnaoua et musiciens du monde. L’organisatrice, Neïla Tazi Abdi, parle d’un « festival d’Essaouira, à la différence des autres, (qui) n’est pas un festival de têtes d’affiches. Il n’y a pas de grandes stars qui viennent jouer et partent, mais il y a de grands musiciens qui restent pendant toute la durée du festival pour explorer de nouvelles voies, rencontrer les gnaoua, découvrir leurs démarches. »

Que trouvera-t-on pour cet 14e édition ? Pas moins de « 280 artistes marocains et étrangers qui donneront 34 concerts dans cinq lieux magiques d’Essaouira » explique l’organisatrice.

« Un concert de clôture baptisé Maâlem All Stars marquera cette édition et réunira en un moment unique les maâlems Mahmoud Guinéa, Hassan, Bassou, Abdelkebir Merchane et Mohamed Kouyou accompagnés par 12 danseurs et 6 chœurs » détaille Neïla Tazi Abdi. Les échanges entre artistes seront musicaux mais également verbaux avec cette année encore un « arbre à palabre » qui accueillera tous les jours artistes et public au siège de l’Alliance française.

Parmi les artistes présents, à noter la venue de Salif Keita (Mali), de K’naan (Somalie-USA), des jazzmen Pat Metheny (USA), Stefano di Battista (Italie) et Wayne Shorter Quartet (USA). Baba Sissoko & Mali Tamani Revolution se produiront en fusion avec le maâlem Kbiber de Marrakech. Plusieurs artistes, ou groupes, sont accueillis quelques jours avant le début du festival en résidence afin de se donner le temps de travailler avec des maâlems gnaoua et explorer des collaborations originales. Ce sera le cas de Jazz Racines Haïti, une formation américano-haïtienne qui travaillera avec le mâalem Hassan Boussou de Casablanca. Dans la continuité des résidences initiées en 2010 autour du thème de la danse, le mâalem Omar Hayat d’Essaouira accompagnera une jeune troupe de prodigieux breakdanceurs marocains, La Halla King Zoo.

Côté « fusion », les organisateurs du festival promettent « un expérience faite d’émotions pures, de moments inédits, de rencontres spontanées. » Ainsi, « Tigran Hamasyan nous fera visiter les contrées méconnues du jazz arménien en fusion avec le mâalem Mustapha Bakbou. Dans un style plus urbain, le groupe Darga issu de la nayda (movida) marocaine reviendra aux sources auprès du mâalem Abdelkébir Merchane. Enfin, avec la formation Between Worlds en fusion avec le maâlem Hamid El Kasri, planeront sur Essaouira des instants de réelle communion entre le chant mystique de l’afghan Humayun Khan et du grand Hamid devenu en quelques années une véritable icône de la musique marocaine. »

Cyril Bonnel