En Algérie, une course déclarée vers l’armement
Après la Russie qui était jusqu’à une époque récente le marché traditionnel de l’armement où l’Algérie fait la majeure partie de ses emplettes, voici le tour de l’Allemagne. Au delà de ces contrats faramineux, la volonté de l’Algérie de devenir une puissance régionale se manifeste et elle ne s’en cache pas. Contre qui ?
L’Algérie vient de signer un contrat d’achat de matériel militaire d’un montant de 10 milliards d’euros auprès de l’Allemagne sur les dix prochaines années. Il s’agit du plus gros contrat d’armement signé avec un pays occidental, souligne le Quotidien d’Oran. Le pays vient de passer commande de différents armements dont des frégates et un système électronique de protection des frontières. Selon l’agence d’information Reuters, le Conseil de sécurité du gouvernement allemand a donné son accord vers le début du mois de juillet. Quatre projets sont concernés. Rheinmetall et MAN doivent construire des blindés de transport Fuchs. Daimler compte vendre des camions et des tout-terrains, et Thyssen Krupp construire des frégates et former les personnels navals. Egalement, le contrat fait état de la fourniture en composants électroniques des gardes- frontières algériens de la part de sociétés allemandes et européennes.
La désillusion des Algériens suite à la vente par la Russie d’avions de chasse défectueux a renforcé la position des partisans de la diversification des fournisseurs. Ceci n’empêche qu’au total, le marché algérien représente encore 13 % des ventes d’armes russes. Ainsi, le pays attend la livraison d’une quarantaine d’avions MiG-29, de 28 Su-30 MK, de 16 Yak-130, de 8 batteries de missiles antiaériens S-300 PMU et de 40 chars T-90 ainsi que deux sous-marins, rapporte le site internet Zone militaire (www.opex360.com), spécialisé sur les questions militaires et de défense. Récemment, Alger a passé commande de deux corvettes « Tigre » (projet 20382) auprès du groupe de construction navale OSK et de l’agence d’exportation Rosoboronexport. Ces deux bâtiments s’ajouteront à la corvette Raïs Hamidou et à la frégate Mourad Raïs, qui ont été modernisées à Saint-Petersbourg.
Quant à la France, elle est en train de perdre peu à peu sa position sur ce marché. D’après le rapport au Parlement d’août 2010 sur les exportations d’armement de la France, le carnet de commandes françaises à destination de l’Algérie est en train de se réduire pour passer de 45,1 millions en 2005 à 9,4 millions d’euros en 2009.
Forte de sa manne pétrolière et de gaz naturel, l’armée algérienne achète et ne compte pas, elle est de par son arsenal loin devant les pays de la région, Maroc, Libye et Tunisie. L’armée algérienne se renforce en cumulant les contrats d’achat et en diversifiant les partenaires. Les dépenses militaires continuent de représenter la plus grande partie du budget de l’État (6 milliards d’euros en 2011).
Selon le rapport 2010 de l’Institut international de recherche pour la paix (SIPRI), l’Algérie est le deuxième importateur d’armes d’Afrique, derrière l’Afrique du sud et se classe au 9e rang mondial. Dans le même ordre et selon le dernier rapport de l’Institut international de recherche de Stockholm pour la paix, l’Algérie est le huitième acheteur d’armes au monde sur la période 2006- 2010 où elle a acheté 3 % des armes vendues dans le monde, elle se situe sur le même pied d’égalité avec les Etats-Unis et l’Australie.
Pourquoi l’armée algérienne s’arme-t-elle autant ?
Cette course à l’armement n’a pas que des partisans, au contraire celle-ci se trouve régulièrement pointée du doigt. Ainsi, l’on se demande en Algérie, dans la presse par exemple, à quoi servent toutes ces armes et à qui profite tout cet argent dilapidé qui aurait pu servir pour construire des hôpitaux et des écoles ?
S. L.