Elections tunisiennes – Entretien avec Salim Ben Abdessalem, Ettakatol
Les Tunisiens de France votent du 20 au 22 octobre. Pour apporter un éclairage supplémentaire, nous publions une série d’interviews de candidats aujourd’hui et demain. Ci-après, Salim Ben Abdessalem, tête de liste France-nord, Ettakatol, répond à nos questions.
Selon vous, quels points doivent absolument être inscrits dans la constitution ?
En premier lieu, il faut une déclaration des droits qui garantisse une égalité entre les hommes et les femmes.
Nous voulons que le Premier ministre soit issu de la coalition majoritaire et non du parti majoritaire comme le souhaite Ennahdha.
Nous sommes pour le droit de dissolution. Le président, qui sera élu au suffrage universel direct, aura le droit une seule fois pendant son mandat, de dissoudre le parlement en cas de crise.
Nous voulons l’indépendance de la justice et une inamovibilité des juges pour éviter les mutations précipitées lors des affaires délicates.
Enfin, nous sommes pour une séparation du religieux et de la politique.
Quels sont les 3 axes prioritaires de votre programme ?
Notre axe principal est un grand projet d’infrastructures. Il faut absolument construire des routes et des chemins de fer qui relient l’Est à l’Ouest.
Nous voulons un désenclavement des régions, avec la création de 5 grandes régions qui seront toutes découpées d’Est en Ouest pour ne laisser personne sur le carreau. Il faudra une autonomie fiscale de ces régions avec rééquilibrage pour ne pas reproduire le déséquilibre existant en France entre les régions riches et pauvres.
Dynamiser grâce au micro-crédit le travail des femmes. Car contrairement à beaucoup d’idées reçues, les femmes veulent travailler et souvent, un salaire pour deux ne suffit pas à subvenir aux besoins du foyer. Nous nous démarquons totalement des islamistes qui veulent que les femmes restent à la maison avec des congés maternité de 5 ans.
Enfin, suppression des niches fiscales, instauration d’un impôt à 10 % pour les entreprises qui exportent exclusivement et qui en sont exonérées. Cela fera rentrer de l’argent dans les caisses sans que le pays ne perde son pouvoir d’attraction.
Quels changements voulez-vous apporter pour les Tunisiens vivant à l’étranger ?
Il faut en finir avec la discrimination entre les Tunisiens. Ils devront être représentés dans l’assemblée qui succédera à la constituante. Il faudra également une assemblée représentative des Tunisiens de l’étranger qui s’occupera exclusivement de leurs problèmes. Chaque pays aura également son assemblée élue qui se réunira plusieurs fois par an, et qui après consultation, fera remonter au gouvernement les difficultés rencontrées.
Elle s’occupera également du bon fonctionnement du consulat. Il est inadmissible que les consulats soient fermés le week-end. Les consulats doivent aussi se rapprocher des habitants et organiser des sessions 1 ou 2 fois par mois en province pour éviter aux Tunisiens de payer un billet aller-retour. D’un autre côté, il faut que les consulats aident à l’apprentissage de la langue arabe, de la culture et de l’Histoire du pays.
Enfin, tout Tunisien vivant à l’étranger doit pouvoir rentrer au pays au moins une fois par an. L’État doit prendre des mesures pour imposer des tarifs sociaux aux compagnies aériennes publiques. Un smicard pourra ainsi partir en Tunisie chaque année et l’économie tunisienne y gagnera avec l’argent qu’il dépensera sur place.
Propos recueillis par Jonathan Ardines