Élections Tunisie – Dépouillement sous haute surveillance à Paris

 Élections Tunisie – Dépouillement sous haute surveillance à Paris

Samedi soir à 20h, le scrutin pour les Tunisiens de France a pris fin. Le Consulat Général de Tunisie à Paris a connu une dernière journée complètement folle. Après le coup de folie de l’après-midi, la nuit a été consacrée au dépouillement. Entre sourires, stress et fatigue.

Beaucoup de monde pour la dernière journée

« Franchement, on ne pensait pas avoir autant de monde. On savait que ça allait être une grosse journée, mais là c’était la folie », nous confie un membre de l’IRIE 30mn avant la fermeture des bureaux de vote. À 19h45, des gens continuent de faire la queue dans l’escalier qui mène aux bureaux 5 et 6 du Consulat Général tunisien. Samy, père de famille d’une quarantaine d’années, a longuement hésité à venir : « J’ai beaucoup réfléchi. Au début, je me disais que ça ne valait pas le coup, que ça ne changerait rien. Puis je me suis dit qu’il faudra rester vigilant à l’avenir mais que je ne pouvais pas passer à côté de ce vote historique. » D’autres ont simplement attendu le dernier moment pour « éviter la foule ». À 20h, les bureaux du deuxième étage ont fermé. Au premier, on continue de voter.

Sourires et tensions après un scrutin marathon

À l’étage, la tension est palpable. Un photographe amateur est pris à partie par une observatrice : « J’ai un droit à l’image, je vais porter plainte contre vous » lui lance-t-elle. Après de longues minutes de palabres, le photographe supprimera ses photos et sera gentiment raccompagné vers la sortie.

« On vient de faire 3 journées de suite sans s’arrêter. Le dépouillement va durer de nombreuses heures, beaucoup de gens sont à fleur de peau », explique un président de bureau.

Le dépouillement ne débutera qu’à 21h. Tout le monde cherche à se restaurer. Pizzas, sandwichs et boissons affluent à chaque étage.

Dans un bureau, la signature d’une charte de confidentialité sur les résultats ne fait pas l’unanimité. Pour certains, une promesse sur le coran devrait suffire.

Les équipes se forment dans chaque bureau. Autour des 5 membres du jury, deux citoyens ont été tirés au sort, 2 délégués de liste sont là ainsi que les deux observateurs indépendants présents sur les 3 jours.

Un dépouillement observé à la loupe

21H05, le dépouillement va commencer. Les bureaux ont été nettoyés, les isoloirs pliés et rangés. Feuilles blanches, victuailles et bouteilles d’eau sont là, la porte se ferme, tout le monde devra rester jusqu’au bout. La bureau 5 est plein, 6 membres de bureau plus 13 observateurs, certains assis par terre, la soirée s’annonce longue.

Selon le décompte des bulletins vierges, 2 507 bulletins ont été délivrés dans ce bureau au départ pour 1 585 votants sur les trois jours.

Pour s’en assurer, les 123 pages de la liste des électeurs sont passées au peigne fin. Page 49, une erreur dans l’emplacement de la signature met la pagaille. « Il faut le noter sur le PV final », stipule un observateur ; acquiescement général.

Un peu plus loin, une case réservé à la signature porte une marque de marqueur. À mes côtés, Messaoud, observateur pour le mouvement de la jeunesse tunisienne m’interpelle : « Lors de vos dépouillements aussi il y a des erreurs ? ».

Il est 23h, et la fatigue se lit sur tous les visages.

À la fin personne ne trouve le même résultat, « on recalcule » lance un membre de l’IRIE. Cette fois, le compte est bon ou presque. Avec 1 340 votants plus 247 sur les listes complémentaires, on arrive à un total de 1 587 électeurs soit une erreur de 2 voix. « Résultat des deux anomalie signalées sur le PV », rassure le président.

Ouf. 23H30, une petite pause s’organise. Puis, très vite, les urnes sont rouvertes. Les bulletins sont disposés. Les observateurs veillent, tous debout autour de la table, le moment est historique.

Vote en Tunisie aujourd’hui oblige, les résultats resteront secrets jusqu’à demain. Mais peu importe, le principal est ailleurs. La Tunisie vient de relever haut la main son premier grand défi, organiser un scrutin transparent et démocratique. De bon augure pour la suite.

Jonathan Ardines