Edito/ Maroc. Le PJD aux commandes, et après?

La victoire du PJD aux élections législatives marocaines appelle plusieurs commentaires :

-Les prochaines étapes : Le PJD dirigera le gouvernement et le fera à travers l’une des deux figures, Abdelilah Benkirane ou Saadeddine Othmani. Ce gouvernement aura une marge de manœuvre inconnue auparavant.

Le PJD devra constituer une coalition majoritaire. Ses alliés les plus probables seront l’Istiqlal et/ou le RNI.

Cette majorité parlementaire se chargera de l’élaboration des lois organiques qui devront donner un contenu concret à un grand nombre de dispositions nouvelles contenues dans la Constitution adoptée en juillet dernier. Ces lois organiques sont décisives pour consacrer le caractère libéral de la Constitution.

-Le PJD est un parti islamiste. Il est certes dit modéré, mais il n’est ni l’AKP turc ni le Nahdha tunisien. Il avait fait retirer du projet de constitution la disposition sur la liberté de conscience et s’est opposé publiquement et violemment à la reconnaissance de la langue amazigh en tant que langue officielle.

Une grande partie des forces politiques ou associatives amazighes sont méfiantes, voire opposées au PJD, pour ces raisons là.

Mais le PJD n’aura pas les mains libres dans le champ religieux car la gestion de ce dernier est du ressort exclusif du roi, comme le prévoit la constitution.

-L’arrivée du PJD au pouvoir correspond  à une réalité désormais incontestable dans tout le monde arabe. Mais ce parti a également bénéficié d’un vote sanction, car il était le seul à avoir une virginité politique. Les électeurs ont voulu marquer une rupture avec les partis qui se sont succédés au gouvernement depuis l’indépendance.

-Le scrutin a été globalement correct et les résultats sont crédibles, même si le processus électoral a encore besoin d’être amélioré.

-Sur le bureau du prochain Premier ministre, deux dossiers urgents et délicats: la réduction des inégalités sociales et la mise à niveau de la Justice.

Au final, au Maroc commence une expérience nouvelle qui crédibilise le jeu politique. Le roi semble vouloir prendre de la hauteur et de la distance, tandis que l’opinion publique sera très exigeante avec la nouvelle classe politique qui émerge des urnes. Avec ces élections, et leur résultat, le royaume est en train de réussir sa transition maîtrisée vers la démocratie.

Boujemâa Sebti