Des hymens artificiels en vente au Maroc !

Après l’Egypte, voici le Maroc, où une polémique est née de la mise en vente (discrètement) d’hymens artificiels en provenance de Chine à un prix modique (25 euros environ).

Un rouleau de tissu par ci, un ustensile de cuisine par là, une babouche marocaine façon Pékin et un hymen artificiel pour le fun ! C’est ainsi que le fabricant chinois pensait son business. Seul bémol, les Marocains sont loin d’être ouverts… d’Esprit. 

On en est encore à débattre si oui ou non, on devrait discuter la question de l’éducation sexuelle dans les manuels scolaires. Un manuel réalisé par Pr Nadia Kadiri, déjà publié chez le Fennec, attend toujours la bénédiction de qui de droit. Et bien des choses restent du domaine du non-dit.

Gigimo, produit haram !

En 2009, la nouvelle fut hilarante : l’hymen artificiel asiatique, visant à simuler la première fois, fit son entrée dans le marché arabe où le fabricant sentait du potentiel économique. Entreprise pas si innocente que ça, car conscient des enjeux moraux, culturels  et légaux dans les pays musulmans, le fabricant garantissait une livraison en toute discrétion. Il se doutait donc bien que sa cible ne faisait pas que jouer…

En Egypte, figurant parmi les premiers pays ciblés, en tout cas, on n’en avait pas rigolé. La nouvelle a choqué, d’autant plus que les médias annonçaient déjà comme prix, la modique somme de 83 livres égyptiennes. Sans doute dans le but de démasquer l’hypocrisie sociale qui recouvre la question, les médias ont servi aux islamistes le prétexte pour se proclamer défenseurs de la vertu.

Au Maroc où l’hymen artificiel vient d’être introduit sur le marché, les Oulémas ont suivi. Une Fatwa pour coller l’étiquette Haram est vite dégainée pour prévenir ce mal provenant d’orient. Seul un Mufti original, Abdelbari  Zemzami, fait preuve de pragmatisme : selon lui, l’hymen artificiel peut être licite pour les femmes victimes de viol ou en cas de perte accidentelle de la virginité. Et d’ajouter qu’il n’existe pas d’obligation d’en informer l’époux. “Le mariage est souhaitable dans l’islam et tout moyen pour y parvenir est légitime”, a-t-il expliqué dans la presse. Inutile de dire qu’on a fait fi de son avis.

Méfiance à Derb Omar

Considéré désormais comme le quartier chinois de Casa, c’est là qu’on se dirige pour satisfaire sa curiosité quant à ce nouveau produit. Sur place, on nie catégoriquement l’existence de Gigimo dans les parages. Se faire lyncher dans le marché pour un produit à 300 DH, ça ne vaut pas le coup pour les chinois. Mais des rumeurs qui affirment l’existence d’un marché informel ne cessent de croître. Non loin de Derb Omar, Alae Bennani, journaliste, décrit sur son blog un Sex shop en devenir dans un des plus grands espaces commerçants de Casablanca. Gigimo n’y figure pas encore.

Des vendeurs particuliers s’improvisent « passeurs » pour ce genre de jouets et sont partants pour en trouver pour leurs clientes. De toutes les façons, ce n’est pas l’accessibilité qui pose problème à l’éventuelle clientèle. Le site internet qui propose l’hymen artificiel, précise qu’il livre en toute discrétion vers tous les pays du monde.

L’avis du Gynéco

Au prix de la marchandise, on ne peut que s’inquiéter de la nature du produit censé loger dans l’intimité du corps de la cliente, 20 minutes avant le rapport sacré de la nuit de noce.  Il s’agit d’une petite poche translucide de quelques centimètres de large avec du liquide rouge dedans, pour les quelques gouttes symboliques sur les draps.

Infections uro-génitales, allergies, produits cancérigènes : les scénarios les plus dramatiques sont posés en l’absence d’analyse du produit ou de consultation post-utilisation. Pour un médecin, rien ne vaut la bonne et vieille hymenoplastie (réfection de l’hymen) en bonne et due forme, dans des conditions hygiéniques optimales, même si le prix ne descend pas en dessous de la barre des 2000 DH.

Malgré la cherté de l’opération, beaucoup de jeunes femmes y ont recours pour sauver la face. Beaucoup d’entres elles se jetteront également sur Gigmo dès qu’il mettra le pied chez nous. Elles ignorent qu’en optant pour la facilité, elles perpétuent leur calvaire et celui des générations à venir de femmes réduites à un corps sans âme, à un malheureux hymen.

Fedwa Misk