Des avocats anglais au barreau de Casablanca
En moins d’un mois, 3 prestigieux cabinets d’avocats d’affaires britanniques, d’envergure internationale, annoncent l’ouverture de leurs bureaux respectifs au Maroc et ce avant 2012. Une décision qui reflète un fort engouement pour le Maroc et pour le continent noir.
Est-ce bon signe ? Paraît-il, oui ! « Les cabinets britanniques, connus pour leurs honoraires faramineux et leurs exigences de performance et de rentabilité, ne s’installent que là où ils flairent le bon filon. La décision a dû être longtemps murie », explique Hicham Amahmoud, Ex Directeur général et chef de la négociation des taux d’intérêt d’une banque à Londres.
En effet, cette descente en masse s’explique par le nombre de mégaprojets lancés au Maroc et en Afrique du Nord. Que cela concerne les énergies renouvelables, les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, les zones off shore ou encore le secteur Télécom, les firmes étrangères sont indéniablement présentes pour apporter les fonds et l’expérience nécessaires. D’où la nécessité d’accompagnement juridique et légal.
« L’installation de ces cabinets peut également être à l’origine d’autres investissements à venir. Car leur notoriété est de taille à rassurer les gros investisseurs », continue M. Amahmoud.
Focus sur les nouveaux arrivants
Clifford Chance LLP est l’une des plus grosses entreprises dans le secteur. Fondée en 1987 à Londres, elle compte quelque 3.800 collaborateurs et un chiffre d’affaires tournant autour de 2 milliard d’euros.
Le siège de Norton Rose est à Londres mais l’entreprise compte 39 bureaux dans 23 pays en Asie, en Australie, en Europe, en Moyen Orient et en Afrique du Sud. Depuis une fusion récemment réalisée avec un autre mastodonte de la profession, il compte 2.600 avocats.
Allen & Overy lui est un vieux de la vieille. Fondé en 1930, il appartient au Magic Circle qui regroupe les 5 plus importants cabinets d’avocats britanniques. Basé également à Londres, il compte plusieurs milliers d’avocats et plus de 25 bureaux en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.
Pour les trois cabinets, le Maroc est la clé de l’Afrique, du moins francophone. Clifford Chance estime que le Maroc est le pays d’Afrique le plus apte à accueillir une plateforme capable de rayonner sur les pays arabophones et francophones de la région.
Norton Rose, seul à être déjà installé en Afrique, compte sur son associé qui possède l’avantage d’être implanté de longue date au Maroc (2001). D’où de solides références, comme l’accompagnement du groupe Label’Vie dans son partenariat avec Carrefour, ou d’Attijariwafa Bank.
Quant à Allen & Overy, il cherche déjà à gagner du terrain. Il a d’ailleurs commencé par faire la peau au concurrent français le plus redoutable.
Fini le monopole franco-espagnol ?
Il s’agit du français « Gide Loyrette Nouel », installé au Maroc en 2003, pour suivre de près les affaires de ses clients en Afrique. Fondé à Paris en 1920, Gide Loyrette Nouel est un important cabinet d’avocats international, avec 19 bureaux dans le monde et 650 avocats et juristes. Au Maroc, ce cabinet réunit des avocats et juristes marocains et français.
Grâce à Allen & Overy, le cabinet Gide perd ses deux associés marocains, Hicham Naciri et Yassir Ghorbal, qui rejoignent les anglais, le premier en tant que patron, le second comme consultant. Il surveille de près ses autres collaborateurs.
D’autres cabinets commencent à sentir approcher le danger britannique. Notamment le français « Jeantet Associés » et les espagnols « Garrigues », « Cuatrecasas », « Balms & Cruz Morocco » qui se reposaient depuis un peu trop longtemps sur leur lauriers.
Fedwa Misk