Débat houleux au Bourget Treize partis tunisiens viennent rencontrer leurs concitoyens de l’Ile-de-France
A l’initiative d’un collectif d’associations franco-tunisiennes dont ACTIF et l’Association de Soutien au Peuple Tunisien pendant près de quatre heures ce n’est pas moins de treize représentants des principaux partis politiques qui se sont succédés pour présenter la genèse de leur formation politique, leur programme, répondre aux problématiques posées par les élections de l’Assemblée Constituante le 24 octobre prochain et enfin se soumettre à l’exercice exigeant et novateur des questions du public présent nombreux ce samedi matin.
Chaque formation politique représentée par un ou deux intervenants bénéficiait d’un peu moins de vingt minutes selon un ordre établi par un tirage au sort.
D’abord laborieuse cette rencontre s’est très vite emballée au fur et à mesure des interventions et des questions du public de plus en plus insistantes mettant l’accent sur les liens de certains représentants politiques avec l’ancien pouvoir en place. Ainsi le Parti Al Watan crée par deux anciens ministres sous Ben Ali a fait l’objet de vives critiques fusant de la salle. Ce fut aussi le cas du PDP Parti Démocrate et Progressiste un des rares partis politiques de l’opposition « toléré » par la dictature de Ben Ali dont le fondateur est Nejib Chebbi figure emblématique du PDP aujourd’hui dirigé par Maya Jribi.
C’est aussi sur le financement des partis politiques que s’est cristallisé un grand nombre d’interventions Ennadha soupçonné de recevoir de l’argent de pays étrangers musulmans et le PDP de profiter des largesses des hommes d’affaires tunisiens ou étrangers pour contrer la poussée du parti islamiste arrivant en tête dans les sondages parus en Tunisie (Sondage SIGMA mai 2011).
De façon assez attendue l’intervention d’Ennadha par la voix de son porte parole suscita les réactions les plus antagonistes les uns s’en prenant de façon véhémente et virulente aux fondements religieux de l’idéologie du parti de Rached Ghannouchi d’autres arguant que seul le parti interdit par le dictateur déchu et exilé depuis les années 80 à Londres préservait « l’identité culturelle et religieuse » de la Tunisie.
Les débats souvent houleux ont néanmoins respecté les règles établies au préalable garantes du bon déroulement de ce premier test démocratique.
L’exercice périlleux parce que novateur a été un témoignage à la fois de l’engouement pour la chose politique au sein de la diaspora tunisienne et du processus démocratique qui se met en place aujourd’hui avec l’émergence d’un paysage politique qui semble se définir plus clairement.
Un nouveau rendez-vous est pris à la fin du mois de septembre par les mêmes associations qui espèrent par leur action offrir l’éclairage suffisant pour que les tunisiens votent lors des premières élections démocratiques du pays du Jasmin qui insuffla le souffle de la démocratie et de la liberté dans le monde arabo-musulman.
Les partis présents : Parti pour la Justice sociale-démocrate, Parti Al Watan, Parti AFEK Tounes, Parti Bladi, PDP, Ennadha, Parti de l’Alliance Républicaine, Forum démocratique pour le travail et les libertés, Le Parti ddu Travail Tunisien (PTT), le Parti Communiste des Ouvriers Tunisiens, Parti Ettajdid, Wifak al Joumhouri, Alliance Nationale pour la Paix et la Prospérité, Congrès pour la République.