Avec Guéant, dur dur d’être un Français

Alors que le conseil constitutionnel validait l’essentiel du texte de la «loi sur l’immigration, intégration et la nationalité» porté et défendu par le ministre de l’Intérieur, ce dernier a refusé la nationalité française à un Algérien marié à une Française pour «défaut d’assimilation».

Cette nouvelle loi, très critiquée par la gauche et de nombreuses associations de défense des droits des étrangers, prévoit notamment qu’un étranger en situation irrégulière faisant l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière et étant donc placé en rétention administrative ne pourra plus saisir le juge administratif et le juge judiciaire en même temps. Après deux jours, il pourra saisir le tribunal administratif qui, lui, disposera de trois jours pour rendre son verdict. C’est donc au terme de ces cinq jours, que cet étranger pourra saisir le juge des libertés et de la détention s’il veut contester la décision du tribunal administratif. Des zones d’attentes temporaires vont être créées afin de répondre à un flux importants d’étrangers en situation irrégulière.

Outre les quatre années de mariage nécessaires et une «communauté de vie effective et matérielle» attestée et une «connaissance suffisante» de la langue française, le demandeur de naturalisation ne devra pas faire preuve «d’indignité, ou défaut d’assimilation ou être dans une situation effective de polygamie». 16 000 personnes acquièrent ainsi la nationalité française chaque année. Marine Le Pen, qui a récemment demandé la suppression de la double nationalité et un durcissement du code de la nationalité, s’est dite en accord avec ces nouvelles mesures.

Plus de reconduites à la frontières

Fier de cette nouvelle loi sur l’immigration, Claude Guéant a déclaré dimanche 12 juin dans une interview accordée au JDD qu’elle «devrait permettre d’augmenter rapidement le nombre annuel de reconduites», avant d’ajouter, «nous avons un objectif de 28 000 départs pour 2011» (identique à celui de 2010). «Nous le relèverons dans quelques semaines après évaluation de l’efficacité du nouveau dispositif». «Depuis 2007, 210 000 personnes en situation irrégulière ont été raccompagnées». Par rapport à l’immigration légale qui ne cesse de chuter, le ministre de l’Intérieur a utilisé un raisonnement cher au FN, la mise en relation du nombre de chômeurs et d’étrangers.

«La France compte plus de 2,6 millions de chômeurs et 24 % des étrangers installés en France sont sans emploi. Nous avons des réserves de main d’œuvre en France dans le bâtiment, mais aussi dans l’informatique. J’ai soulevé ce débat à Luxembourg dans le cadre d’un conseil des ministres de l’Intérieur. J’ai demandé qu’une étude soit faite. Nombre d’autres pays m’ont soutenu, y compris l’Allemagne». Enfin, concernant les évacuations des camps de Roms effectuées au cours de l’été dernier, il est assez satisfait même si «nous avons à faire face à un autre problème, celui de la délinquance roumaine. A Paris, 80 % des vols à la tire sont commis par des Roumains mineurs».

Avec le rapport de la mission parlementaire sur le «droit de la nationalité» qui devrait être rendu d’ici peu, des innovations juridiques devraient apparaître dans les prochaines semaines.

Gypsy Allard