Arabie saoudite- Une princesse s’attaque au voile

La princesse saoudienne Basma Bint Saoud, attaque de front le port du niqab et du hijab sur son blog*. Une première dans ce pays abritant les lieux saints de L’Islam, où les femmes doivent se couvrir impérativement la tête et le visage ne laissant découvrir que les yeux

La dernière intervention de la princesse, et non des moindres, figure sur la page d’accueil de son blog où elle remet sur le tapis l’épineuse question du port du voile intégral et du voile tout simplement. Elle a pris pour exemple, photos à l’appui, de deux hommes de religion égyptiens qui ont posé avec femmes et enfants dans des portraits de famille au temps où les clichés étaient en noir et blanc. Constat de visu, leurs femmes ne portent pas le voile, ni niqab, ni foulard ! Et pourtant, argumente-t-elle, ce sont des savants illustres qui connaissent par cœur le coran et parfaitement les préceptes de l’Islam.

La princesse, vivant en Arabie Saoudite avec le visage découvert et qui s’affiche ainsi sur son blog, ce qui est en soi une fronde manifeste, continue sur sa lancée pour épingler les hommes de religion siégeant sur  les chaînes satellitaires qui distillent leurs fatwas et leurs doctrines de plus en plus contraignantes particulièrement à l’adresse des femmes musulmanes. Des cheiks, dénonce-t-elle, subventionnés par de grands commerçants propriétaires de chaînes de magasins pour femmes voilées. Le port du voile de nos temps est devenu non pas la mise en pratique d’une recommandation religieuse mais une affaire de gros sous, conclut-elle.

Comme le laisse supposer son nom, Basma Bint Saoud Bin Abdel Aziz, est une princesse de sang comme il en existe en profusion en Arabie Saoudite, du fait des nombreuses unions des princes et monarques de cette royauté et de leur abondante filiation. De mère syrienne, elle est la nièce de l’actuel roi Abdallah.

Mais, à la différence de la plupart de ses consœurs, Basma Bint Saoud  ne s’est pas laissée vivre en jouissant de son statut privilégié, elle est active sur plusieurs fronts. Ayant reçu une formation solide d’abord au Liban chez les sœurs, ensuite à Londres et aux Etats-Unis, également en Syrie la préparant de fait à devenir ce qu’elle est. Actuellement elle vit dans le Royaume saoudien avec ses cinq enfants, qu’elle élève seule ! Précision apportée sur son blog.

Une altesse royale qui a choisi la voie du militantisme là où il ne fait pas bon de militer. Se présentant comme écrivaine et journaliste, ses  contributions, allant à contre courant de l’atmosphère verrouillée de son pays, sont reprises un peu partout dans les médias et sur  la toile.

C’est à côté des femmes de son pays qu’elle se positionne le mieux. Non pas les privilégiées et les nanties, précise-t-elle, mais les 99% ramenées à l’état d’esclaves. Dans ses nombreuses contributions qui alimentent son blog et les journaux étrangers plutôt arabophones, la princesse défend les droits des femmes en général et des saoudiennes en particulier. En attirant le regard du monde sur ses compatriotes, sur leurs frustrations et leurs aspirations.

En phase avec ce qui se passe autour d’elle, même à distance, la princesse Basma a donné sans ambages son opinion sur les révolutions arabes dans une déclaration faite à la BBC arabe, le 28 juin dernier, et rapportée par Reuters : «Personne n’est à l’abri des vents géographiques du changement qui soufflent sur notre patrie arabe. Ceux qui disent que nous sommes immunisés ont tort », affirme-t-elle. Avant d’ajouter à l’adresse des rois du Moyen-Orient : « Accordez les libertés avant que ça ne se transforme en défi ».

La princesse militante, forte de son statut, interpelle dans ses écrits les puissants hommes de religion, les ministres exerçant dans son pays et même les rois, les poussant à prendre en compte les aspirations de leurs peuples et à accorder les libertés aux hommes et aux femmes équitablement avant qu’il ne soit trop tard.

Soufia Limam

http://basmasaoud.blogspot.com/2011/08/blog-post_16.html