Algérie. Visite du président du CNT : vers une réconciliation algéro-libyenne
L’épisode de la mésentente entre l’Algérie et la Libye semble être sur le point de connaître son épilogue. La visite du président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Mustapha Abdeljalil, en Algérie, les 15 et 16 avril, est un pas important vers la normalisation des relations algéro-libyennes, après une brouille qui a duré près d’une année. (Photo AFP)
Les dirigeants algériens ne semblent pas très froissés du temps mis par le président du CNT libyen pour honorer une visite en Algérie, annoncée il y a de cela presque 6 mois par le chef de la diplomatie algérienne.
En témoigne l’accueil royal réservé par Alger à son hôte libyen qui a eu droit à deux dîners offerts par le président Bouteflika et le président du conseil de la nation Abdelkader Bensalah.
Ceci pourrait être interprété comme un signe de bonne volonté de l’Algérie d’entretenir des rapports privilégiés avec les nouvelles autorités libyennes, lesquelles donnent également l’air de vouloir aller de l’avant.
A la fin de ses entretiens avec le chef de l’Etat algérien, M. Abdeljalil a déclaré : « Nous sommes venus en Algérie pour renforcer les liens d’amitié et de fraternité entre les deux peuples algérien et libyen, de même que nous aspirons à un avenir prometteur avec l’Algérie ».
Famille Kadhafi, pas « une priorité »
Autre signe que les nouveaux dirigeants libyens tendent à nouer une relation moins conflictuelle avec leurs voisins algériens : ils ne font plus de l’extradition des membres de la famille Kadhafi une condition sine qua none à tout retour à la normalité entre les deux pays, alors qu’il n’y a pas très longtemps, ils les réclamaient à cor et à cri.
Même si ce dossier a été au menu des discussions entre les deux chefs d’Etat, il semble que les deux parties n’en font pas une « priorité ». « Nous apprécions la position humanitaire de l’Algérie d’accueillir les familles, notamment les femmes et les enfants, mais nous restons convaincus qu’elle n’abritera pas ceux qui représentent une menace pour la sécurité de la Libye », a soutenu M. Abdeljalil.
Il a également précisé : « Nous avons ainsi convenu que ce qui constitue une menace pour la Libye par le financement ou la subversion n’aura pas de place dans les territoires algériens ». « Des conventions juridiques sont prévues à cet effet concernant les personnes qui feront l’objet de poursuites pénales », a-t-il encore ajouté.
Avant le président du CNT libyen, Salem Messaoud Kenane, membre de cette instance, à l’issue de sa rencontre avec le ministre algérien des Affaires étrangères, a déjà donné le ton en soutenant que son pays « apprécie et comprend les positions humanitaires de l’Algérie qui a accueilli des membres de la famille Kadhafi ».
Autre dossier important abordé par les deux dirigeants : la sécurité. Les deux parties ont parlé de la sécurisation des frontières algéro-libyennes dans le souci, a expliqué M. Abdeljalil, de « garantir la sécurité de l’Algérie et de la Libye par le soutien du gouvernement algérien sur cette question, sachant que la Libye est encore en phase de création et de préparation des dispositifs des gardes frontières et de sûreté nationale ».
Yacine Ouchikh