Algérie. Une pétition en faveur du général Nezzar
Il faut sauver le soldat Nezzar ! Une brochette de personnalités algériennes a lancé, il y a trois jours, une pétition appelant les Algériens à se mobiliser pour exiger des autorités algériennes et suisses de faire leur possible pour mettre un terme aux poursuites judicaires engagées par la justice suisse contre l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar.
Sur la liste des premiers signataires de cet appel, figurent les noms de plusieurs ministres (Mohamed Bedjaoui, Ali haroun, Leila Aslaoui,…), intellectuels (Rachid Boudjedra), avocats (Miloud Brahimi), journalistes (Ahmed Fatani, Fouad Boughanem,…), etc.
« Conscients de la nécessité de préserver les relations liant les deux peuples depuis la précieuse intervention suisse aux préliminaires des Accords d’Evian, les soussignés en appellent aux responsables de l’Etat Algérien pour prendre toutes mesures dictées par les circonstances et prier le gouvernement de la Confédération Helvétique d’agir dans les délais opportuns, pour mettre un terme à une procédure que ne justifient ni la réalité des faits invoqués, ni les principes du droit international », est-il noté dans l’appel.
Indignés par le traitement infligé par la justice suisse à l’ancien homme fort du système, les rédacteurs de ce texte estiment qu’ « au-delà de la personne du général Nezzar, ministre de la Défense nationale et co-président de la république au sein du Haut Comité d’Etat, c’est le peuple algérien qui se trouve atteint dans sa dignité ».
Ils déplorent aussi que la Procureure fédérale ait « donné suite à la requête de deux anciens responsables du FIS demeurant en Suisse » qui n’a pour finalité que « de masquer aux yeux de l’opinion internationale les crimes de l’intégrisme islamiste dont le monde n’a réellement pris conscience qu’après le 11 septembre 2001 ».
Les signataires de l’appel voient aussi dans les questions posées par le juge suisse au général Nezzar lors de son audition en octobre 2011, comme une « intervention d’un Etat étranger dans les affaires intérieures de leur pays ».
Ils considèrent également « de tels propos et agissements comme attentatoires à la souveraineté algérienne et au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat, principe indispensable à la paix, au respect mutuel et aux bonnes relations entre les membres de la communauté internationale ».
Passons sur le fait qu’un tel appel a très peu de chance de trouver un quelconque écho auprès des autorités helvétiques pour la simple raison que la justice suisse est totalement indépendante du pouvoir politique.
Mais la vraie question est de savoir le pourquoi de cette sommation en règle du gouvernement algérien d’intercéder en faveur de l’ancien ministre de la défense alors que, dans un entretien accordé au quotidien « Le Soir d’Algérie », Nezzar a soutenu que les autorités algériennes sont solidaires avec lui.
« L’Etat algérien est logique avec lui-même. Il s’est assumé clairement dans cette affaire. L’actuelle législature fait suite à celles qui l’ont précédée. Il y a une cohérence et une continuité dans l’action. Pourquoi l’Etat algérien abandonnerait-il un ancien responsable qui a œuvré pour la pérennité de l’Etat et qui a même, peut-être, d’une certaine façon, à un moment, incarné l’Etat ? », expliquait-il.
A la question « Avez-vous le sentiment que le président de la République a fait montre de solidarité avec vous ? », Khaled Nezzar a rétorqué tout de go : « Pleinement ! ». Question : qu’est-ce qui a changé depuis ? La réponse est chez le général Nezzar.
Yacine Ouchikh