Algérie – Un nouveau PDG pour Sonatrach
Après le grand cafouillage né autour du limogeage de son désormais ex PDG Nourredine Cherouati, la Sonatrach vient d’accueillir un nouveau patron, Abdelhamid Zerguine, nommé cet après-midi par le ministre algérien de l’Energie Youcef Yousfi.
Ainsi donc, le démenti opposé hier par Noureddine Cherouati à l’information, sortie il y a trois jours, ayant trait à son débarquement de la direction de la plus grande société africaine n’a pas fait long feu puisque, juste au lendemain de sa sortie publique, une autre information a été publiée par le site TSA le donnant bel et bien partant.
« Nourredine Cherouati a été officiellement informé, ce jeudi 17 novembre dans la matinée, de son limogeage de la tête de l’entreprise publique, a appris TSA de source sûre », rapporte, dans un premier temps, le site de Lounes Guémache.
Ce dernier confirme cet après-midi : « Abdelhamid Zerguine a été installé à la tête de Sonatrach par Youcef Yousfi, ministre de l’Énergie, rapporte l’agence APS».
Une rumeur… vraie
Hier mercredi, Nourredine Cherouati, souvent présenté comme un mauvais communicateur, est monté au front médiatique pour tordre le cou à la ‘’rumeur’’ de sa destitution, fruit, selon ses dires, d’une campagne de déstabilisation que le visait depuis plusieurs mois.
Face à des journalistes venus couvrir la conférence de renouvellement du syndicat de la compagnie nationale des hydrocarbures, mercredi dans un hôtel de la banlieue ouest d’Alger, il assène sur un ton triomphal : «Il n’y a rien, ce n’est que de la rumeur, ça revient, ça dure depuis 3 semaines. Il y a 6 mois, il y a eu la même rumeur».
«Il a suffi que je m’absente quelques jours à l’occasion des vacances de l’Aïd pour qu’on annonce mon limogeage», précise-t-il. Droit dans ses bottes, il assure qu’il est toujours en place.
Un « Monsieur Propre » qui dérangeait
Mieux, il a fait preuve d’audace en pointant du doigt des parties qui voulaient sa tête sans aller pour autant jusqu’à donner des noms. « Ces rumeurs ne sont pas innocentes », assène-t-il avant de donner le fond de sa pensée : « Cela signifie que quelque chose se passe. Nous dérangeons certaines habitudes, certaines pratiques, à travers l’application d’un plan de redressement et de mise en ordre. Je dois déranger des personnes et des intérêts ».
Qui sont ces personnes qui voulaient sa tête ? « Je ne sais pas qui est derrière tout ça », répond-t-il, très évasif. Mais l’allusion est on ne peut plus claire : ce sont les gens s’étant gavés du temps de Chakib Khelil qui sont en train de lui mettre les bâtons dans les roues pour mettre en échec sa politique de redressement d’un groupe dont l’image de marque est fortement éclaboussée par une cascade de scandales financiers.
Tout compte fait, sa sortie musclée d’hier n’est qu’un dernier baroud d’honneur d’un homme qui, eu égard à son intégrité, s’est vu attribuer le superlatif de « Monsieur Propre ».
Plusieurs questions se posent désormais. M. Cherouati se serait-il hasardé à lancer une riposte publique pour recevoir le lendemain un tel camouflet ? Invraisemblable.
Aurait-il reçu de solides assurances quant à son maintien en poste ? S’est-il alors fait piéger ou, au contraire, ses « protecteurs » n’ont pas pu renverser la vapeur en sa faveur ? Le mystère demeure entier.
Yacine Ouchikh