Algérie. Sonatrach garde la main sur ses mines d’or

 Algérie. Sonatrach garde la main sur ses mines d’or

Youcef Yousfi

L’or algérien ne tombera pas dans l’escarcelle des Qataris. Le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, vient de mettre un terme, depuis Doha, à la rumeur donnant une entreprise du riche émirat comme potentiel repreneur des mines d’or de Tamanrasset après le départ des Australiens.

« Nous avons pris la décision de reprendre la totalité des actions de GMA-ressources dans l’ENOR (Entreprise d’Exploitation des Mines d’Or  algéro-australienne) et tous ses intérêts dans la mine de Tirek-Amesmessa », a déclaré Youcef Yousfi à l’agence APS, en marge du 20ème Congrès mondial du pétrole, avant d’ajouter : « La reprise des actions va s’effectuer une fois les engagements contractuels respectés ».

Retrait du groupe australien

Incapable de faire face aux coûts élevés du développement de la mine, le groupe australien GMA a annoncé, mi-octobre, son retrait de l’entreprise algérienne Enor où il détenait 52% des actions.

« La méthode d’exploitation choisie et développée par GMA pour l’exploitation de la mine n’était pas la meilleure, GMA ne pouvait pas aller loin avec cette méthode, c’est pour cette raison qu’il s’est retrouvé dans une impasse », a expliqué M. Yousfi.

Quelques jours plus tard, le quotidien El Watan a donné l’information selon laquelle Qatar Mining, qui venait de signer un mémorandum d’entente pour la coopération dans le secteur minier avec la société Manadjim El Djazaïr (Manal), serait sur le point de reprendre les mines délaissées par les Australiens, mais aussi de décrocher un contrat de réalisation d’un complexe sidérurgique à l’Est algérien avec un investissement de 3 milliards de dollars.

Les quelques critiques suscitées par ce présent accordé aux Qataris n’ayant aucune expertise en la matière sont-ils à l’origine de cette reculades des autorités algériennes ? En tout cas, le ministre algérien de l’Energie n’écarte pas la possibilité de recourir à un partenaire étranger de grand calibre.

« Sonatrach va reprendre le travail depuis le début en élaborant de nouvelles études de développement de la mine. Nous allons le faire selon nos moyens mais probablement à travers un partenariat avec de grandes sociétés », a expliqué M. Yousfi.

Il a ensuite poursuivi : « Des sociétés juniors, comme GMA, on n’en veut plus, il nous faut des sociétés qui ont l’expérience, les financements et les moyens techniques nécessaires. C’est un projet situé dans des régions difficiles, et qui nécessite beaucoup d’investissements et d’expertise ».

La loi sur les hydrocarbures révisée

Autre décision importante annoncée par le ministre algérien de l’Energie : la révision de la loi sur les hydrocarbures qualifiée par certains de « repoussoir » pour les investisseurs étrangers. L’Algérie compte revoir cette loi en introduisant de nouvelles incitations pour notamment relancer l’investissement étranger dans l’exploration, a-t-il confié à l’APS.

Il explique cette décision par le besoin d’attirer des partenaires solides et expérimentés pour  aider l’Algérie à accroître ses réserves d’hydrocarbures. De son point de vue, l’Algérie doit adapter « un certain nombre de mesures incitatives de la loi 05-07 qui a été adoptée dans un environnement où ces technologies n’existaient pas et où les prix de pétrole évoluaient entre 20 et 30 dollars ».

Sans aller dans le détail, Youcef Yousfi a évoqué la révision de certaines mesures fiscales et des dispositions contractuelles entre Sonatrach et ses partenaires. « Nous sommes en train d’étudier tous ces aspects », a-t-il dit.

« Nous devons nous adapter à la réalité internationale, nous avons des réserves d’hydrocarbures largement confortables, mais il faut assurer localement la sécurité de l’approvisionnement à très long terme et renforcer le rôle de l’Algérie comme acteur principal du commerce international de l’énergie », a-t-il expliqué.

Il faut relever que cette importante décision intervient au lendemain du limogeage de l’ancien PDG de Sonatrach, Nordine Cherouati.

Yacine Ouchikh