Algérie. Scrutin du 10 mai : La communauté internationale pas très enthousiaste
Les réactions de la communauté internationale au lendemain des élections législatives du 10 mai qui ont donné le FLN victorieux avec près de 50% des sièges, ne débordent pas d’enthousiasme.
Les grandes capitales occidentales se sont contentées de se féliciter du déroulement sans heurts de ces élections, de l’entrée en force des femmes qui ont décroché 145 sièges au Parlement.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a salué lundi le « déroulement pacifique » du scrutin du 10 mai en Algérie mais aussi et surtout « la représentation accrue des femmes au sein de la nouvelle Assemblée ». Il a aussi encouragé le gouvernement et les acteurs politiques à « coopérer de manière inclusive et pacifique pour contribuer à la mise en œuvre des réformes politiques et constitutionnelles et renforcer le processus démocratique en Algérie ».
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’est réjouie samedi du nombre de femmes élues dans la nouvelle Assemblée. « Ces élections – et le nombre élevé de femmes élues – sont une avancée bienvenue sur le chemin de l’Algérie vers des réformes démocratiques », a-t-elle déclaré.
Le ministre britannique des Affaires Etrangères, William Hague a exprimé, dimanche 13 mai, presque la même position que Mme Clinton. Après avoir salué « la décision du gouvernement algérien d’accepter pour la première fois la présence d’observateurs européens », le responsable britannique a particulièrement porté au pinacle « la parité plus grande dans le nouveau parlement, comme l’avaient prévue les récentes réformes en Algérie ».
Et M. Hague d’exprimer le vœu que « ce progrès annonce de nouvelles réformes dans les discussions à venir de changements constitutionnels, et dans les élections locales cette année et présidentielles en 2014 ».
« Un scrutin qui s’est bien déroulé »
La France, par la voix du porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, a abondé dans le même sens. « La France forme le vœu que ces élections concourent à la consolidation et à l’approfondissement du processus de réformes annoncé par le président Bouteflika et attendu par la grande majorité des Algériens », a déclaré samedi 12 mai M. Valero qui, en outre, a estimé que « le choix des électeurs va permettre une représentation très sensiblement accrue des femmes au sein de la nouvelle Assemblée ».
Vendredi 11 mai, ce même responsable s’est félicité du fait que « les opérations de vote pour les élections législatives en Algérie se soient globalement déroulées dans le calme et sans incident majeur ».
L’Italie, embourbée dans la crise économique, est resté très mesurée dans ses félicitations. « Nous nous félicitons du bon déroulement du scrutin lors des élections législatives en Algérie, et la décision des autorités algériennes d’accueillir une grande mission d’observateurs de l’UE », a déclaré à la presse le ministre italien des Affaires étrangères, Giulio Terzi qui, à l’instar de ses homologues occidentaux, a vu dans les législatives du 10 mai une « étape dans le processus de renforcement des fondements de la démocratie ».
L’Espagne ravie de la défaite des islamistes
Seule l’Espagne a quelque peu dérogé à la règle. « La normalité dans le déroulement de la journée électorale et le niveau de participation, sensiblement plus élevé que lors des échéances antérieures, sont une preuve de la volonté du peuple et des autorités de consolider le processus d’ouverture démocratique », a soutenu samedi 12 mai le ministère espagnol des Affaires Etrangères.
Soutien sûr du gouvernement algérien, l’Espagne a assuré qu’ « elle continuera à appuyer la voie réformiste adoptée par l’Algérie vers une pleine démocratie ».
Faisant fi de toute réserve diplomatique, José Manuel Garcia?Margallo, ministre espagnol des Affaires étrangères, s’est félicité de la défaite des islamistes. « Grâce à Dieu, la percée très importante des courants islamistes n’a pas eu lieu comme annoncé ». Ce qui n’a pas laissé de provoquer l’ire des partis islamistes qui ont crié à l’ingérence dans les affaires internes du pays.
« Ces déclarations sont une ingérence dans nos affaires internes et nous demandons aux hautes autorités du pays d’intervenir et de répondre », a déclaré à TSA Lakhdar Ben Khalaf, bras droit du président du Parti pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah.
Yacine Ouchikh