Algérie – Pression britannique pour livrer des membres de la famille Kadhafi
Les autorités algériennes viennent de cueillir le fruit amer de leur accueil « humanitaire », fin août, de certains membres de la famille du dictateur libyen déchu Mouamar Kadhafi. En visite de deux jours en Algérie, le ministre britannique des affaires étrangères William Hague a pressé Alger de livrer les membres de la famille Kadhafi réfugiés en Algérie aux nouvelles autorités libyennes.
« Nous pensons, au Royaume-Uni, que l’Algérie doit coopérer avec les autorités libyennes si celles-ci effectuaient toute demande concernant les personnes qui sont venues dans ce pays », a soutenu le ministre britannique des Affaires Etrangères William Hague hier mercredi à Alger lors d’un point de presse animé conjointement avec son homologue algérien Mourad Medelci. « Il est important de travailler avec les autorités libyennes et la justice internationale afin de garantir la remise des personnes réclamées à la justice », a-t-il ajouté.
Comme pour atténuer la brutalité de cette injonction qui ne dit pas son nom, le ministre britannique a assuré avoir «présenté la même demande, concernant les personnes réclamées par la Cour pénale internationale (CPI), à tous les pays de la région » qu’il a visités.
Sur la défensive, Mourad Medelci a essayé tant bien que mal de rassurer sur la légalité du geste du gouvernement algérien en faveur de la famille du dictateur déchu. « Nous l’avons reçue pour des raisons humanitaires ; le président Abdeljalil a reconnu que nous étions en droit de le faire », a-t-il défendu avant de rappeler que l’Algérie a « honoré de façon systématique l’ensemble des obligations qui sont les siennes en tant que membre de la communauté internationale et continuera à honorer ses obligations qui sont dictées par des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ».
Mieux, le chef de la diplomatie algérienne a assuré que la normalisation des relations entre l’Algérie et le CNT va bon train et que les contacts entre les deux parties sont « réguliers » et « quasi-quotidiens ». « Nous avions des relations informelles avec le CNT, qui sont devenues aujourd’hui officielles », a-t-il affirmé. Et Medelci de rendre publique l’audience accordée par Mustapha Abdeldjalil, président du CNT libyen, à l’ambassadeur d’Algérie à Tripoli, audience qualifiée d’ « extrêmement constructive ». « L’intérêt de M. Abdeljalil pour la construction d’une coopération multiforme, solide et ambitieuse a été de nouveau confirmé », a indiqué le ministre algérien avant d’annoncer la confirmation par Mustapha Abdeldjalil de la visite prochaine d’une délégation du CNT en Algérie.
Yacine Ouchikh