Algérie. Ouyahia tire sur le MSP

 Algérie. Ouyahia tire sur le MSP

Ahmed Ouyahia a reproché vertement aux dirigeants du MSP d’avoir rejoint l’opposition « dans les cinq dernières minutes du jeu ». Photo Farouk Batiche / AFP.

La décision du Mouvement pour la société de la paix (MSP), parti islamiste algérien, de quitter l’Alliance présidentielle, semble avoir fortement déplu à Ahmed Ouyahia, premier ministre et secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) qui, hier jeudi à l’ouverture des travaux du conseil national de son parti, a lancé des piques assassines à son ancien partenaire.

 

Sarcastique à souhait, Ahmed Ouyahia a reproché vertement aux dirigeants du MSP d’avoir rejoint l’opposition « dans les cinq dernières minutes du jeu ».

Très remonté, il a accusé ouvertement les héritiers de Mahfoudh Nahnah d’avoir « transformé l’examen des projets de loi sur les réformes au Parlement en tribune politicienne » et fait des réformes de Bouteflika « un fonds de commerce ». « Est-il normal de refuser en bloc tous les textes de loi sur les réformes sous le fallacieux prétexte que les projets ont été vidés de leur substance ? », s’est-il écrié.

Le premier ministre semble donc être révulsé par tant d’égoïsme et d’opportunisme dont a fait preuve son ancien partenaire qui n’a pas hésité à quitter le navire brinqueballant de l’Alliance, dans « une conjoncture internationale lourde d’incertitudes politiques et économiques ».

C’est à peine s’il n’a pas crié à la trahison ! Ouyahia a aussi tenu à assurer que son parti à lui, « continuera à participer au pouvoir au service de la partie ».

Fidélité renouvelée à Bouteflika

Et comme pour mieux enfoncer le parti d’Aboudjerra Soltani, le premier ministre a ostensiblement renouvelé son soutien « entier » et « total » au président Bouteflika.

« Certaines positions et conditions actuelles et ce que nous constatons sur la scène (politique), nous dictent le devoir de réaffirmer notre soutien au président de la République et de soutenir son programme et ses initiatives », a-t-il affirmé.

Après avoir loué la constance de l’engagement du RND aux côtés du président durant ses 13 ans de règne, Ahmed Ouyahia a estimé qu’il est des positions qui méritent d’être réaffirmées en certaines circonstances.

« Voilà pourquoi, à la veille d’une échéance politique importante, nous réaffirmons au président Abdelaziz Bouteflika qu’il peut compter sur le soutien constant du RND, avant et après le rendez-vous des législatives, au service d’une Algérie démocratique et républicaine fidèle au message du 1er Novembre 1954 », a-t-il lancé.

Ouyahia en phase avec le discours souverainiste de Bouteflika

Reprenant à son compte le discours souverainiste du président Bouteflika qui, lors de l’ouverture de l’année judiciaire mi-décembre 2011, a rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires internes du pays, Ahmed Ouyahia, connu pour son emphase et ses excès verbaux, s’est montré plus royaliste que le roi. « Le peuple algérien qui a produit la grandiose Révolution de Novembre n’acceptera aucun tuteur qu’il soit d’Orient ou d’Occident », a-t-il martelé.

« Ce peuple jaloux de sa propre souveraineté et respectueux de celle des autres peuples, demeurera opposé en toute circonstance, aux interventions étrangères dans tout pays indépendant », a-t-il insisté.

Ouyahia a ensuite brocardé les concepts de « devoir d’ingérence humanitaire » et de « devoir de protéger les peuples » qui, a-t-il accusé, « restent au service des intérêts de puissants, comme en témoigne le déni de justice opposé aux droits légitimes du peuple palestinien ».

Mais qui sont ces parties ou pays qui veulent mettre leur nez dans les affaires internes de l’Algérie ? Motus et bouche cousue.

Yacine Ouchikh