Algérie-OMC: une adhésion inévitable mais qui n’aboutit pas
Créée en 1995, en remplacement du GATT, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) compte actuellement 153 membres qui représentent 90% du commerce international en marchandises et services. L’adhésion de l’Algérie a été la grande question débattue mercredi lors d’une journée parlementaire à Alger.
Des négociations difficiles
Les débats ont eu lieu dans la grande salle de l’Assemblée populaire nationale (APN) avec une intervention très attendue du directeur général adjoint de l’OMC, M. Alejandro Jara qui a déclaré que « l’Algérie ne devrait pas rester en marge du système multilatéral mondial, mais plutôt assumer son rôle à la table des négociations de l’OMC », devant un auditoire attentif composé du président de l’Assemblée populaire nationale (APN) Abdelaziz Ziari, de membres du gouvernement et de députés ainsi que de dirigeants de la Banque d’Algérie. « L’Algérie devrait redoubler d’efforts et mener dès que possible à leur terme les pourparlers pour son accession à l’OMC », a renchérit M. Jara. Mais, il a prévenu que « tout retard additionnel dans l’adhésion exposerait l’Algérie, vu l’accroissement du nombre des membres de l’OMC, à des négociations plus complexes ». Ainsi le mot est lâché ; plus les algériens retardent leur adhésion, plus les négociations deviennent ardues.
Répondre à 1600 questions
L’Algérie a répondu à 1.640 questions et participé à 10 rounds de négociations dont le dernier en date remonte à janvier 2008. Il est vrai, a concédé le directeur adjoint de l’OMC, que le temps imparti différait d’un pays à l’autre. « Chaque cas est unique. L’accession de la République de Kirghizie a duré moins de 3 ans tandis que celle de la Chine a pris plus de 15 ans ». Il a tenu à rappeler en outre que « 5 accords bilatéraux ont été signés à ce jour alors que l’Algérie poursuit ses négociations avec une douzaine d’autres pays ». De son côté, Idriss Djazaïri, représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, a noté que depuis 2008, «aucune avancée significative n’a été enregistrée», soulignant que «l’état des négociations entre l’Algérie et l’OMC fait ressortir des divergences sur les questions sensibles, comme l’alignement graduel du prix du gaz sur celui appliqué sur le marché international». De son côté M. Benbada, ministre du commerce a déploré «le refus d’accorder à l’Algérie des avantages dont d’autres pays ont aisément bénéficié, et ce, malgré les concessions et les garanties apportées par le gouvernement algérien». Le ministre du Commerce a formulé également le vœu du gouvernement de recevoir une invitation au 11e round des négociations.
Périodes de transition
Quant aux périodes de transition requises par l’Algérie pour la mise en œuvre de certaines conditions de l’OMC, Alejandro Jara a déclaré qu’ «il sera difficile d’obtenir de tels délais de grâce dans la mesure où les pays accédants sont en général censés appliquer les dispositions de tous les accords de l’OMC dès leur accession». Cependant l’Algérie, répond M. Benbada, a introduit 36 textes législatifs et réglementaires pour adapter sa législation. Le ministre du Commerce n’a pas manqué de souligner en passant que l’OMC applique une « politique du deux poids, deux mesures » dans ses négociations avec l’Algérie, en lui imposant des conditions qu’elle n’a pas imposées à d’autres pays !
A propos des concessions
Le ministre du Commerce reconnaît que l’adhésion de l’Algérie à l’OMC dépendra des concessions qu’elle acceptera de faire, le coût social étant en point de mire, «mais ce qu’il faut faire maintenant, c’est de définir le type de concessions à faire. N’empêche qu’en matière de réformes, l’Algérie a fait beaucoup d’efforts et malgré cela, les membres de l’OMC refusent de nous accorder les facilités comme pour d’autres pays. Nous avons modifié 36 textes législatifs et le Vietnam par exemple, n’en a modifié que 10. Et pourtant, le Vietnam est admis et pas nous», déplore-t-il. Pour Alejandro Jara, au contraire, l’Algérie devrait profiter du retard dans la conclusion du cycle de Doha, pour achever ses négociations. Faute de quoi “le coût d’accession” sera de plus en plus élevé.
Difficultés propres à l’Algérie
En fait, l’Algérie demande à l’OMC une prise en compte des difficultés sécuritaires et économiques qu’elle a affrontées dans les années 1990 et qui expliquent, selon le ministre du Commerce, le retard mis dans le processus d’accession à l’OMC. Il n’est pas juste de ne pas prendre en considération les conditions difficiles que l’Algérie a vécues durant la décennie noire, a-t-il déploré. Cependant, la requête formulée par M. Benbada, n’a pas eu de vrais répondants de la part de l’OMC.
Ceci étant dit et pour le président de l’APN Abdelaziz Ziari, l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce était “inévitable”. Les exemples de l’Arabie Saoudite et du Vietnam sont probants et montrent a-t-il insisté, que les gains peuvent être importants.
M. G.