Algérie. Mourad Medelci sous les feux de la rampe
Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci est au four et au moulin pour vendre l’image reluisante d’une Algérie résolument engagée dans le processus de changement que connaît la région.
Depuis quelque temps, Mourad Medelci multiplie les interventions dans les médias algériens (dernière en date, une interview de 2 pages dans le quotidien Liberté), mais aussi les visites à l’étranger pour convaincre les grandes puissances du sérieux des réformes engagées par les autorités algériennes.
Depuis mercredi aux Etats-Unis, le chef de la diplomatie algérienne animera demain vendredi au Centre des études internationales stratégiques à Washington une conférence sur le thème « L’Algérie dans le processus de transformation de l’Afrique du Nord », ainsi que sur les réformes politiques lancées par l’Algérie.
Il devra également s’entretenir avec la secrétaire d’État, Hillary Clinton, et le sous-secrétaire d’État adjoint pour le Proche?Orient, Jeffrey Feltman, ajoute la même source. En décembre dernier, M. Medelci a été auditionné par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée française.
Lors de sa prestation face aux députés français, Medelci a fait la promesse d’une célébration « soft » du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays, de façon à ne pas heurter la France, et s’est même permis d’annoncer en exclusivité des décisions importantes qui concernent en premier chef les Algériens, comme la révision constitutionnelle prévue deuxième semestre 2012.
Ce qui n’a pas manqué de susciter la colère de certaines parties qui accusent le gouvernement de Bouteflika de fouler au pied l’honneur et la souveraineté du pays.
Il n’est pas exclu que, lors de son voyage à Washington, Mourad Medelci tente d’arracher l’onction américaine concernant des décisions que comptent prendre les autorités algériennes.
L’Algérie s’apprête à vivre un moment électoral crucial en mai prochain, avec les élections législatives. Se sachant tenu à l’œil, Bouteflika ne cesse de réitérer son engagement ferme à organiser des élections propres et honnêtes. Et, une fois n’est pas coutume, il a accepté la présence en grand nombre des observateurs étrangers.
Medelci, futur Premier ministre ?
Il se trouve que beaucoup d’acteurs exigent rien moins que le remplacement de l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, par une personnalité technocrate et neutre.
Même si le patron du Rassemblement national démocratique (RND) ne s’est pas présenté lors du conseil national de son parti tenu le 3 janvier dans la peau d’un responsable qui serait sur le départ, il reste que Alger bruit ces jours-ci de rumeurs sur la nomination d’un nouveau chef de l’Exécutif.
Les noms de Tayeb Louh, ministre du Travail, d’Abdelmallek Sellal, ministre des Ressources en eau, et… de Mourad Medelci, sont souvent cités pour succéder au mal-aimé Ouyahia.
Le patron de la diplomatie algérienne est, semble-t-il, celui qui a le plus de chances d’hériter du premier ministère et gérer dans la foulée les prochaines échéances électorales. En plus de n’avoir aucune attache partisane, M. Medelci a l’avantage d’être dans les bonnes grâces des deux clans dominants au pouvoir.
En tout cas, beaucoup d’observateurs ont vu dans ses sorties de ces dernières semaines des signes probants quant à son intronisation à la tête du gouvernement.
Yacine Ouchikh