Algérie. Moncef Marzouki à Alger en février prochain
Au détour d’un long entretien accordé, hier dimanche, au quotidien arabophone algérien El Khabar, le président tunisien Moncef Marzouki a révélé qu’il se rendra à Alger en février prochain et non pas le 19 janvier comme rapporté par certains médias. Cette tribune a été également une belle occasion pour le président tunisien de réaffirmer la bonne santé des relations algéro-tunisiennes, mais surtout rectifier ses « maladresses » commises à l’égard de l’Algérie.
« La chute de la dictature nous permettra de hisser nos relations à leur niveau habituel. Ma visite en Algérie, prévue en février prochain, s’inscrit dans ce cadre », a affirmé Moncef Marzouki dans cet entretien donné au journal algérien El Khabar.
« Je tiens à dire, encore une fois, que nos relations avec l’Algérie sont fraternelles depuis de longues années. Ainsi, je ne vais pas exagérer si je disais que si l’Algérie tombe malade, la Tunisie attrape la fièvre », a-t-il soutenu avant d’enchaîner : « Je considère que la révolution va raffermir davantage nos relations fraternelles, altérées par l’ex dictature tunisienne. »
Après avoir rappelé les liens de fraternité qu’il partage avec l’Algérie, M. Marzouki a exprimé son regret quant aux multiples brimades et autre humiliations subies par les Algériens en terre tunisienne pendant le règne de Ben Ali, qui jouissait pourtant du soutien d’Alger.
« Je ne vous cache pas que j’avais honte quand je lisais des informations faisant état de maltraitances contre les ressortissants algériens par le régime déchu de Ben Ali. Ça me fait mal au cœur également d’entendre que les 15 000 Algériens établis en Tunisie ont des problèmes administratifs et de résidence ». Moncef Marzouki a ensuite assuré : « J’ai ordonné aux Ministres de la Justice et de l’Intérieur d’accélérer la régularisation des ressortissants algériens ».
Le vœu d’une « construction maghrébine »
Interpellé par le journaliste sur le choix de la Libye pour y effectuer sa première visite présidentielle, M. Marzouki a invoqué la situation particulière qu’endurent ses voisins de l’est.
« Il n’existe pas de préférence pour moi entre les pays du Maghreb. Il est inconcevable de faire la différence entre les doigts de la même main. Mais la logique oblige que la priorité doit être accordée au doigt blessé. Dans mon cas, le doigt blessé, c’est la Libye. Il y a eu beaucoup de problèmes qui nous obligeaient d’y aller pour tenter de les résoudre », a-t-il expliqué.
Ne garde-t-il pas rancune aux autorités algériennes qui ne s’étaient pas illustrées lors de la révolution de Jasmin par un soutien franc au peuple tunisien, quand elles ne sont pas accusées de s’être rangées du côté du dictateur déchu ?
« Je considère que la position de l’Algérie, qui ne s’est pas ingérée dans le cours de la révolution, est un choix correct. La Tunisie aurait adopté la même position, convaincue que l’ingérence contourne le cours normal de la volonté des peuples », rétorquait-il.
Avec l’avènement d’un nouveau régime en Tunisie, Marzouki dit attendre de l’Algérie « un soutien moral ». Son souhait est que les deux pays nouent « une coopération réelle » en essayant de faire des zones frontalières très pauvres « un espace de progrès commun ».
A ses yeux, c’est là une façon très concrète de travailler à la construction maghrébine tant souhaitée. « Je suis très attaché à l’idée de relancer cet espace, et je souhaite que nos frères en Algérie participent à un sommet maghrébin dans les plus brefs délais. Nous avons grand espoir que la Tunisie puisse abriter ce sommet. Cela va constituer un appui considérable pour nos peuples », a-t-il affirmé avant d’ajouter : « J’ai la conviction que l’avenir des pays du Maghreb Arabe ne peut être que commun, il est dans l’espace maghrébin. De ce fait, nous attendons beaucoup de nos frères algériens, sachant que rien ne peut se faire sans l’Algérie ».
Yacine Ouchikh