Algérie. Louisa Hanoune veut à tout prix « fidéliser » ses futurs députés
C’est une première dans les annales politiques algériennes ! A trois mois des élections législatives prévues à la mi-mai, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a pris les devants pour se prémunir contre tout lâchage de ses futurs députés et a décidé de les faire passer devant les militants pour prêter serment de fidélité.
Pour la pasionaria du PT, le papillonnage politique serait à l’origine de la décomposition qui a gagné la classe politique algérienne. Depuis quelques années, elle a mené une véritable croisade contre ce phénomène politique auquel sont confrontés certains partis politiques.
Son pressing est couronné de succès puisque le président Bouteflika, avec lequel Hanoune partage des atomes crochus, a, dans l’avant-projet de loi portant sur le régime électoral, introduit une mesure interdisant cette pratique.
En effet, l’article 67, de cet avant-projet énonce clairement qu’ « il est déchu de plein droit de son mandat électif, tout élu qui aura rejoint, en cours de mandat, un parti politique autre que celui sous l’égide duquel il a été élu en qualité de membre de l’Assemblée populaire nationale, du Conseil de la Nation, d’une Assemblée populaire communale ou de wilaya ».
Mais c’était compter sans le peu de disponibilité du FLN et du RND – ils ont la majorité dans les deux chambres – à mettre le holà au nomadisme politique dont ils sont les plus grands bénéficiaires. Aussi, ils ont pesé de tout leur poids pour purger le texte de loi dans cet article.
La commission juridique du parlement algérien a pointé du doigt l’anti constitutionnalité de cette disposition et, dans leur plaidoyer en faveur de sa suppression, les députés des deux partis ont brandi un argument massue : « L’élu est mandaté par des électeurs, donc par le peuple ».
« Interdire le nomadisme »
Ne s’avouant pas vaincue, Louisa Hanoune a promis hier dimanche de mener jusqu’au bout son combat. « Nous allons nous battre pour interdire le nomadisme dans la Constitution », a-t-elle promis. En attendant, elle tient à s’assurer la loyauté de ses futurs députés en les obligeant à lui jurer fidélité devant les militants du parti.
Mais pourquoi la patronne du PT a-t-elle imposé une telle mesure ? Il faut savoir que, par le passé, certains députés, en désaccord avec Louisa Hanoune sur la quote-part que prélèverait le parti sur leurs salaires, ont quitté le PT pour rejoindre d’autres formations politiques.
Et lors des législatives de 2007, Louisa Hanoune a essayé de s’éviter tout « mauvais coup » en faisant signer à ses candidats des engagements écrits de ne pas s’affranchir de leur chapelle politique. En vain. Certains de ses députés lui ont quand même fait fausse route juste au début de leur mandat.
Yacine Ouchikh