Algérie / Libye – Bouteflika veut rectifier le tir

 Algérie / Libye – Bouteflika veut rectifier le tir

Le président algérien Bouteflika ici aux côtés de l’émir qatari

Prise au dépourvu dans le dossier libyen, Alger s’escrime à rattraper sa maladresse. Déclarations, rencontres officielles et visites en perspective… Les préambules d’un rapprochement entre Alger et Tripoli se font de plus en plus nombreux, sans pour autant aboutir.

Depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, multipliait les déclarations conciliantes à l’égard des nouvelles autorités libyennes.

Après des errements diplomatiques de 9 mois, l’Algérie a fini par reconnaître le Conseil National de Transition (CNT), le 22 septembre 2011.

Sous le ciel de Qatar

Aujourd’hui, c’est au tour du président Abdelaziz Bouteflika de s’y mettre. Sous les bons auspices de l’Emir du Qatar Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, le chef de l’Etat algérien s’est entretenu aujourd’hui à Doha avec le président du CNT libyen, Mustapha Abdeldjalil, en marge des travaux du 1er sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG).

Pour le moment, rien n’a filtré sur le contenu des discussions échangées entre les deux  dirigeants. Ont-ils réussi à mettre à plat tous les sujets de discorde ?

Gageons que, pour faire oublier son fourvoiement avec l’ancien homme fort de Tripoli, l’Algérie, actuellement dans une très mauvaise posture, se pliera aux exigences du CNT qui jouit du soutien de la communauté internationale.

A coup sûr, cette rencontre va détendre le climat entre les deux pays et, ainsi, impulser une nouvelle dynamique aux relations algéro-libyennes, plus que jamais aux creux de la vague.

Fixera-t-on enfin la date de la visite d’une délégation libyenne à Alger, annoncée début octobre ? Possible. Il n’est pas exclu aussi de voir dans les prochains jours des responsables algériens débarquer à Tripoli.

Syrie et Algérie, un sort commun ?

Mais cette volonté d’Alger de se racheter de son erreur d’aiguillage dans l’affaire libyenne est vite démentie par sa position pour le moins incompréhensible sur le dossier syrien.

Lors de la réunion de la ligue arabe, Mourad Medelci a tenté de sauver la tête de Bachar Al Assad avant de se rallier à la position consensuelle de ses pairs arabes d’exclure la Syrie de la ligue arabe.

Pis, l’Algérie s’est vue menacée par le chef de la diplomatie qatari de connaître le même sort que la Libye et la Syrie.

Il y a quelques mois, un responsable du CNT, s’appuyant sur des assurances de Nicolas Sarkozy, a averti l’Algérie qu’elle était sur la liste des victimes de la bourrasque révolutionnaire qui souffle sur le monde arabe.

Si le ministre algérien des Affaires étrangères a nié l’existence d’un tel dérapage de la part de son homologue qatari, ce n’est pas le cas de ce dernier qui n’a pas jugé utile de démentir cette information. Et les Algériens, connus pourtant pour leur sensibilité, affichent profil bas.

Mieux, c’est au lendemain de cette gifle diplomatique que Abdelaziz Bouteflika, qui, ces dernières années, a sensiblement réduit ses déplacements à l’étranger au point de faire l’impasse sur le dernier sommet de l’ONU, s’est envolé au Qatar. Compte-t-il demander des explications à l’Emir du Qatar ? Peu vraisemblable.

Yacine Ouchikh