Algérie – Les USA doutent des réformes de Bouteflika

 Algérie – Les USA doutent des réformes de Bouteflika

Jeffrey Feltman

Les Américains ne semblent pas accorder trop de crédit au processus de réformes engagé par le président algérien en avril dernier dans le sillage du  » printemps arabe « . C’est ce qui est ressorti de la visite en Algérie du secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient et l’Afrique du Nord, Jeffrey Feltman.

« Nous pensons que l’Algérie comme tout autre pays doit répondre aux aspirations de son peuple », a soutenu Jeffrey D. Feltman, secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient et l’Afrique du Nord lors d’une conférence animée hier lundi à Alger à l’issue de sa visite de deux jours en Algérie.

Jeffrey Feltman a été reçu par le président Bouteflika et s’est entretenu avec  le ministre des affaires étrangères Mourad Medelci et le ministre déléguée chargé des affaires maghrébines et africaines. Après avoir rappelé que « tout un chantier de réformes est en cours » en Algérie, le responsable américain  a assuré : « Nous encourageons à promulguer ces lois, mais aussi à les appliquer ». «Il appartient aux Algériens de tracer les voies qui leur conviennent. Il est important que la voix du peuple soit entendue dans la conception de ces réformes et qu’il soit convaincu qu’elles reflètent ses aspirations», a-t-il insisté.

Précision de Jeffrey Feltman : « J’ai pris le temps de prendre contact avec la société civile pour pouvoir entendre ses appréciations par rapport aux réformes engagées ». Message sibyllin : son appréciation mitigée des réformes algériennes est le reflet du scepticisme des Algériens à l’égard des promesses de changement faites par le président Bouteflika.

Il faut dire que des figures de la société civile mais aussi des partis politiques, même ceux ayant des affinités avec le chef de l’Etat, n’ont pas cessé de faire part de leur inquiétude à l’égard du rythme lent du processus des réformes politiques, mettant parfois carrément en doute la volonté de Bouteflika d’engager le pays sur la voie du changement.

« Et si on parlait de la Libye ? »

Actualité régionale oblige, le responsable américain s’est aussi étalé sur le dossier libyen sur lequel l’Algérie a eu une position souvent décriée par le CNT libyen. « Il est très important pour nous de comprendre la position de l’Algérie concernant ce qui se passe dans la région et comment elle envisage de soutenir ces pays en période de transition », explique le secrétaire d’Etat adjoint américain avant d’affirmer : « Il est dans l’intérêt de l’Algérie de voir réussir un processus de transition crédible et solide en Libye ».

Les Américains attendent aussi de la part de l’Algérie une collaboration pour une meilleure maitrise de la quantité impressionnante d’armes qui circule actuellement en Libye. « L’Algérie est un leader en matière de gestion des problèmes transfrontaliers de trafic d’armes, nous sommes donc désireux de renforcer cette coopération afin d’empêcher et de maîtriser ce trafic à partir de la Libye », assure M. Ferdman.

Quid de la possibilité d’extradition vers la Libye de certains membres de famille Kadhafi refugiés en Algérie ? « Je n’ai pas soulevé cette question avec M. Bouteflika, mais j’ai posé le problème avec les autres autorités algériennes avec lesquelles je me suis entretenu », répond le responsable américain sans donner de plus amples précisions.

Yacine Ouchikh