Algérie. Le voyage de Ferhat Mehenni en Israël crée la polémique

 Algérie. Le voyage de Ferhat Mehenni en Israël crée la polémique

Ferhat Mehenni


La visite de 4 jours ayant débuté dimanche 20 mai en Israël d’une délégation du Gouvernement provisoire de Kabylie (GPK) conduite par son président Ferhat Mehenni, un militant de la cause amazigh qui lutte depuis une dizaine d’années pour l’autonomie de la Kabylie, a soulevé un tollé en Algérie, notamment dans les milieux conservateurs.




 


Contacté par le journal électronique Tout sur l’Algérie (TSA), le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, a traité l’ancien chanteur engagé de tous les noms de oiseaux. « Je ne commenterai pas les viles incartades d’un monsieur qui ne jouit d’aucune crédibilité et dont l’unique feuille de route consiste à se mettre au service du plus offrant dans le cadre de projets scélérats visant à attenter à l’unité nationale », s’est-il emporté.


 


« Un danger pour l’unité nationale »


Côté partis politiques, le Front de libération national (FLN) a qualifié ce déplacement de Ferhat Mehenni en terre israélienne de « comportement irresponsable ». « Cet acte n’engage qu’une personne et un groupuscule qui n’a aucun ancrage ni dans la région de Kabylie, ni parmi les Kabyles qui sont partie intégrante du peuple algérien », s’est indigné Kassa Aïssi, chargé de communication du FLN dans une déclaration au journal électronique TSA. Selon lui, ce geste du président de GPK « n’aura aucun impact » et suscitera « la réprobation unanime de tous les enfants de l’Algérie et particulièrement celle des dignes fils de la Kabylie ».


Même concert d’indignation chez les partis islamistes. « On condamne l’acte de cette personne qui veut fissurer l’unité du pays », s’est offusqué Abdallah Djaballah, président du Front pour la justice et le développement (FJD).


Considérant M. Mehenni comme « un danger pour l’unité nationale », un dirigeant d’Ennahda a exhorté les autorités à retirer la nationalité algérienne au leader autonomiste.


 


« Des étrangers à la cause kabyle »


Interviewé par le journal électronique les Dernières nouvelles d’Algérie (DNA), Ferhat Mehenni ne donne pas l’air d’être inquiété par cette levée de boucliers au demeurant prévisible. « Ce sont des non-kabyles qui nous condamnent, des étrangers à la cause kabyle qui nous condamnent. Tous ceux qui nous condamnent aujourd’hui n’ont jamais condamné les massacres de jeunes en Kabylie durant le printemps noir en 2001. Ils n’ont jamais condamné non plus la poignée de main en juillet 1999 entre le président Bouteflika et le Premier ministre d’Israël Ehud Barak. Que Bouteflika serre la main de Barak et s’entretienne avec lui pendant quelques minutes, tout le monde se tait. Que Ferhat serre la main du vice-président de la Knesset et c’est le tollé », s’est-il défendu avant d’asséner : « Le courage de condamner n’est animé que par le racisme de ses acteurs ».


Il y a lieu de rappeler que Boualem Sansal, grand romancier algérien, a lui aussi effectué, la semaine passée, un voyage en Israël. Il a fait part au journal Libération de son appréhension de  retourner en Algérie. « Peut-être vont-ils m’arrêter à l’aéroport ? Peut-être serai-je victime d’une attaque ? », s’est-il interrogé.


Yacine Ouchikh